Destruction massive
Servant de fil conducteur à cette déambulation dans les ruines d’un événement historique unique dans les annales, l’institutrice magnifiquement interprétée par Nobuko Otowa devient le témoin pudique...
le 6 mai 2019
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1952, Kaneto Shindo, lui-même originaire d’Hiroshima, réalise l’un des premiers films sur l’horreur de la bombe atomique.
Takako Ishikawa, une jeune institutrice Japonaise quitte l’île sur laquelle elle enseigne pour retourner quelques jours à Hiroshima, sa ville natale, se recueillir auprès de sa famille dans un cimetière dévasté. Depuis le bateau qui l’y conduit, les paysages naturels, calmes et paisibles, laissent places aux rivages d’Hiroshima. Les usines d’abord, et leurs longues cheminées, puis les maisons, qui se reconstruisent au milieu des ruines.
Elle se rend chez une vielle amie et ancienne collègue puis tente de retrouver ses anciens élèves de l’école maternelle. 3 ont survécu. Elle reconnait également Iwakichi, un ancien employé de son père, vieux mendiant, défiguré et pratiquement aveugle qui ne peut élever son petit-fils, Taro, qui vit dans un des nombreux orphelinats de la ville. Ses rencontres vont permettre de découvrir les portraits de survivants, 6 ans après, et le destin tragique de plusieurs familles.
Shindo livre une œuvre humaine, un drame intimiste sur la vie des gens qui ont vécu le cataclysme de la bombe atomique. Il se concentre sur les conséquences physiques mais surtout psychologiques de l’explosion nucléaire. Les déchirures se ressentent plus qu’elles ne sont confiées, intériorisées par des survivants parfois honteux, au stoïcisme impressionnant. Frappant. Un parti prit semi documentaire magnifié par une réalisation sobre, belle et efficace, mettant en valeur les paysages, naturels comme urbains et les personnages. Dur mais beau.
Il expose les horreurs de la guerre, dénuées de tous détails historiques et sans prendre de position politique. De la folie meurtrière de la bombe, il ne montre que quelques images grâce à une reconstitution à la mise en scène expérimentale plus érotique qu’autre chose. Etrange. Un traitement parfois trop mélodramatique empêche toutefois le film de décoller et de véritablement nous scotcher sur place.
La ville se reconstruit au milieu des ruines, les enfants jouent dans la rivière en se jetant d’un pont pendant que les plus vieux, souvent difformes et défigurés par les brulures et les radiations, sont hantées par les souvenirs traumatiques de l’événement. Takako rencontre une souffrance insoutenable et un fragile optimisme. Une ville perdue entre désolation et renaissance, espoir et désespoir, symbolisée par sa vieille amie, rendu stérile par les radiations, mais qui s’apprête à adopter un bébé.
Les enfants d’Hiroshima peuvent grandir et reconstruire la ville. (7,5)
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Créée
le 28 janv. 2015
Critique lue 552 fois
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