Les enfants de par là ont la mémoire des rues
Après l'URSS du début de l'ère stalinienne, le Fesival du Film de SensCritique m'a mené aux Etats-Unis des années 30 qui se prend de plein fouet la crise économique, avec tout ce que ça engendre de faillite et de misère. C'est ce qu'entreprend de montrer Wellman dans Wild Boys on the Road, qui choisit de suivre le périple d'enfants à la recherche d'un travail.
Puisque Wellman choisit de suivre des enfants, il adopte un point de vue en conséquence, bien loin de que l'on peut voir dans Les Raisins de la Colère (roman et film). Ce road trip est bourré d'innocence et de bons sentiments. Le trio, composé d'Eddie, Tommy et Sally, a une vision ingénue de l'Amérique qui ne cessera de les décevoir, sans pour autant les démotiver. Frankie Darro, aka Eddie, excelle, de par ses mimiques et ses intonations excessives mais ô combien vivifiantes. Mais tout ça ne rend que plus dur les horreurs qui parsèment leur chemin, hors champ mais bien réelles. Wild Boys on the Road retranscrit donc ça : une génération de jeunes gens sur les routes d'une Amérique impitoyable.
La fin est à l'image du film, douce et amère. Le discours final d'Eddie se fait mature et sonne la révolte : la misère est là et malgré les efforts pour la cacher, elle grandit, de plus en plus. Même si *SPOILERS* (puisqu'on ne peut plus rien dire sans cette balise) tout finit bien, on se dit finalement que pour trois de sauvés, combien encore parcourent le même chemin ? *FIN DES SPOILERS*
Le film est fort, même si finalement il n'est pas dramatique en soi, même s'il ne montre rien. Pourtant, on ressent cette misère, bien que masquée derrière l'enthousiasme juvénile des personnages que l'on suit. Le seul reproche qu'on peut adresser à Wild Boys on the Road finalement, c'est sa courte durée. Mais quelle petite heure pour ce film coup de poing sans en avoir l'air !