Wild Boys of the Road est un portrait de l’Amérique de la dépression, on suit le destin de jeunes hommes poussés sur la route et les rails par la peur de devenir un fardeau pour leurs parents aux chômages. Wellman fait un choix fort qui évite à son film de tomber dans le pathos, c’est de filmer cette violence sociale à travers les yeux d’adolescents, ce qui en premier lieu paraît être un peu facile pour chercher l’empathie du spectateur aura finalement l’effet inverse, puisque l’angle choisit par le réalisateur pour mettre en scène cette jeunesse n’est pas la fragilité mais bien la vigueur, l’intrépidité, la naïveté qui permet de ne pas perdre espoir. Tout le film baigne dans une fraicheur revigorante, les moments tragiques (et ils sont légions) sont balayés par d’un revers de manche, nos jeunes routard rêvent à des moments plus heureux, ils sont fiers de tenir tête à des adultes abusant souvent de leur pouvoir et les traitant en pestiférés.
Wellman ne nous épargne rien de la dureté de leurs vies, obligé de voler, de se battre (au sens propre comme au figuré) pour survivre, le tout est montré avec un grand souci du détail anticipant notamment les Raisins de la colère.
Tout cela, c’est déjà beaucoup. Mais ensuite il y a cette fin ///SPOILER///, qui m’a fait très peur, lorsqu’un juge trop gentil pour être vrai sort comme part miracle nos « Wild Boys » de la merd.e. Là je me suis dit, ça y est Wellman se laisse aller, il conclut son film par une scène montrant comment ce grand pays qu’est les USA sauve ses enfants…
Mais c’était sans compter sur la finesse et l’intelligence du réalisateur de L’ennemi Public qui nous montre le plan d’après, ce même juge dans son bureau observant une photo de son fils, là je suis à terre pris par surprise. Non Wellman ne glorifie pas bêtement son pays, il montre juste un homme qui a reconnu un peu de son fils en voyant ces jeunes égarés, sans doute émut il décide d’utiliser l’institution dans le bon sens. ///SPOILER/// C’est une superbe conclusion pour un magnifique film.

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le 24 janv. 2015

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Biniou

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