Film animé franco-coréen (du sud, ça paraît évident) adapté du roman A l'image du dragon de Serge Brussolo, Les Enfants de la pluie est une œuvre de Fantasy Epique à tonalité de conte assez simpliste lorsque l'on regarde bien le synopsis, du moins son contenu. Avec un regard neuf, on pourrait croire à une histoire bien banale mais pour le début des années 2000... Bon, c'était déjà peut-être un peu banal mais beaucoup moins je pense : jouant sur une rivalité vieille comme le monde, à savoir le feu et l'eau. Mais malgré un possible relent de déjà-vu, force est de constater que cette création propose des éléments appréciables pour le genre de la Fantasy.
Ainsi, nous suivons l'évolution du Pyross Skän, désirant devenir chevalier et mener une guerre qualifiée de sainte contre le peuple Hydross, leur ennemi juré. Sauf que derrière les belles paroles du grand prêtre, cette guerre "sainte" semble n'être qu'une couverture pour un tout autre dessein.
Pas plus de spoil !
L'histoire, en plus d'être horriblement courte : 86 minutes est bien trop court à mon goût, est loin d'être originale - du moins avec le regard actuel. Il est vrai que ces histoires de batailles millénaires entre deux peuples ennemis ou les prophéties d'amour impossible peuvent être quelque peu rédhibitoire. De plus, la dualité entre les deux célèbres éléments, à savoir le feu et l'eau, ne date pas d'hier. Néanmoins, force est de constater qu'avec ses clichés, on arrive à obtenir une histoire vraiment intéressante et immersive, notamment (c'est mon talon d'Achille) grâce les éléments du lore, déclarés ou simplement montrés. C'est en parti à cause de cela que la durée du film me pose problème : avec autant de bonnes idées, d'édifices architecturaux... je suis persuadé que l'on aurait pu avoir un résultat des plus satisfaisants. Cependant, on reste sur de l'intrigue honorable malgré quelques scènes expédiées un peu trop rapidement ou usant de la simplicité scénaristique ; très clairement, j'aurais bien voulu observer une relation sentimentale plus construite.
L'attention aux détails, le travail réalisé sur les deux royaumes, l'esthétique de ces différents peuples... conduisent à proposer un film des plus appréciables visuellement et qui possède une histoire suffisante, aux révélations et rebondissements tout à fait acceptables, sans tomber dans l'état d'ennui mortel dû à un surplus de clichés ou de n'importe quoi.
Pour les personnages, là également, on n'aurons pas grand chose de neuf à déclarer. Très clairement, nous sommes en face de personnages plutôt manichéen dans l'ensemble. Les demi-teintes n'ont pas leur place ou sinon, elles sont trop peu représentées. Malheureusement, hormis les héros des deux peuples, l'ami comique et certains antagonistes, les personnages demeurent un peu plats, sans grande consistance. Ainsi, le héros principal est assez attachant, plein de bonne attention et des plus impliqués, ce qui nous aide à nous immerger dans l'univers. L'ami comique du héros a quelques lignes de dialogue intéressantes. L'héroïne Hydross semble quelque peu naïve, moins "sérieuse" que son alter ego, un peu niaise en gros. Mais la véritable force réside dans la posture des antagonistes, notamment dans celle du prêtre Razza dont la personnalité est vraiment atypique. Je pointe toutefois, en quittant complétement les qualités/défauts des personnages, que l'équipe de production a un certain attrait pour les calvities.
Mais dans l'ensemble, on jongle entre des personnages intéressants mais qui aurait pu l'être encore plus.
Côté graphique, disons que c'est original. Globalement, ce n'est pas immonde, c'est même carrément honorable. Le design est fort sympathique, l'esthétisme des différentes régions de qualité, la fluidité des animations est pas mal du tout... si ce n'est pour les combats. En effet, les séquences d'affrontement sont particulières dans le sens où, si cela reste dynamique, elles sont structurées de la même manière : une séquence d'affrontement a proprement parlé mais avant ça, une séquence de levé d'épées qui ne sert pas à grand chose... Après, ces séquences ne sont pas mauvaises en soi mais disons qu'elles interrogent légèrement plus qu'elles ne divertissent.
La question des combats, des paysages et des décors ayant été abordé précédemment, je viendrais donc achever cette critique par la musique, composée par Didier Lockwood et qui, sincèrement, est vraiment pas mal, donnant cette petite impression d'inspiration du jeu vidéo Black Moon Chronicles avec ces divers chœurs.
Les Enfants de la pluie demeure une création audacieuse - pour une création française, étant donné sa timidité dans le genre. Une création poétique, aussi bien adaptée aux enfants (malgré la présence de quelques scènes un chouia violentes) qu'aux adultes et possédant un lore appétissant qui, malheureusement, laisse quelque peu sur sa faim. Je recommande donc chaudement (sans mauvais jeu de mot) ce film malgré ses petits défauts de durée et de facilité scénaristique qui saura réveiller en nous les envies de découverte et d'aventure.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !