La Grâce, plus belle encore que la beauté

Je trouvais jusqu'ici le cinéma de Rebecca Zlotowski intéressant à défaut d'être enthousiasmant, « Planétarium » étant toutefois vraiment digne d'intérêt. Le seul point que je regrette (un peu) ici, c'est que le film n'ait pas une plus grande identité visuelle, si ce n'est à travers quelques plans et une assez belle utilisation de la lumière. Le reste est un sans-faute, très émouvant portrait de femme d'aujourd'hui, forte, indépendante, ce qui ne l'empêche pas de douter, de s'interroger, de souffrir, ce qui est, à mon sens, nullement contradictoire, bien au contraire. Le scénario est construit avec beaucoup d'intelligence, de nuances, de subtilité, ne ressentant jamais l'obligation de surligner les scènes ou le propos pour qu'on le comprenne, ce qui est plus qu'agréable lorsqu'on est spectateur, notamment à travers des dialogues de grande qualité, jamais surécrits.

Sensible, non dénué d'humour, « Les Enfants des autres » sait, à travers le sens du détail, des situations et même le choix des chansons, construire quelque chose autour de son héroïne, le soin apporté à chaque personnage étant remarquable, évitant constamment toute facilité ou manichéisme pour sonner constamment juste, la qualité de l'interprétation, Roschdy Zem et dans une moindre mesure Chiara Mastroianni en tête, n'y étant évidemment pas étrangère, le premier y livrant même une de ses meilleures performances.

Mais celle que l'on retient, c'est évidemment Virginie Efira. Alors que sa prestation dans « Revoir Paris » m'avait laissé dubitatif, elle est ici magnifique de bout en bout, offrant à cette professeur de français une humanité, une bonté presque bouleversante. Et quelle élégance, quelle beauté... Impossible de ne pas sortir de la salle sans être passionnément amoureux de ce qui est sans doute l'une des héroïnes les plus marquantes de ces dernières années.

À l'image de dernières minutes particulièrement réussies, on aurait presque envie que le film ne s'arrête pas, ce dernier rappelant avec ferveur à quel point une vie peut être aboutie, réussie, dirigée vers les autres même si nous n'avons pas eu d'enfants, quel que soit la raison. Cela peut paraître évident, mais le rappeler avant autant de force était nécessaire. J'entends beaucoup de plaintes au sujet de la qualité des films, notamment français, du prix des places : je les partage en grande partie. Il faudrait aussi se renseigner un peu et voir quand une œuvre en vaut vraiment la peine : c'est sans l'ombre d'un doute le cas ici. Un des immanquables de l'année.