Voilà l'adaptation qui vient de sortir à la télévision d'un roman éponyme de Christian Signol que j'ai à la maison et que je n'ai toujours pas lu ! Me voilà beau. Nul doute que je vais modifier mon programme de lecture pour arranger ce cafouillage.
Parlons toujours du téléfilm de Fabien Onteniente dont je n'ai vu qu'un seul film "Trois zéros" (2001) qui est une histoire de football surfant sur la coupe du monde1998. Le film ne m'avait pas plus emballé que ça.
Là, Fabien Onteniente met en scène un couple de gens modestes, Virgile et Blanche, qui vivent sur la rive sud de la Dordogne qui fut pendant la guerre jusqu'en 1942, ligne de démarcation. Sur l'incitation d'un médecin qui fait partie d'un réseau de passeurs, le couple aide au franchissement de la ligne et cache des enfants juifs pendant cette périlleuse période.
Le film se veut sans concession dans la mesure où il est une analyse factuelle de la situation et des gens. Il n'y a pas que des gens bien sous tous rapports d'un côté et des ordures de l'autre. Les choses sont plus nuancées. Les gens évoluent dans un climat général de peur de l'autorité allemande mais aussi vichyste avec des exécutions sommaires des clandestins qui traversent ou tentent de traverser la ligne.
Le personnage de Blanche, par exemple. Au delà de sa grande compassion, de sa grande bonté et de sa totale absence de préjugés, on devine chez Blanche un cruel mal d'enfants puisque son drame à elle est de ne pas en avoir. L'opportunité de recevoir chez elle des enfants lui fait découvrir un cœur inassouvi de mère.
Le personnage de Blanche est assuré par Mathilde Seigner qui est très crédible dans son rôle de femme qui découvre et développe son instinct maternel.
Le personnage de Virgile interprété par Gérard Lanvin est lui aussi assez convaincant dans le rôle d'un homme un peu solitaire, un peu sauvage que les enfants vont en définitive finir d'apprivoiser.
Ce sont les personnages secondaires qui auraient mérité d'être un peu plus travaillés.
Le personnage du docteur (Philippe Torreton) est un peu trop schématique. On a compris que sa raison d'être était de sauver des gens; On a même compris à travers une confidence que son drame était qu'il n'a pu sauver celle qu'il aimait et qu'il n'a pas vue malade. Chez ce personnage, il y a un potentiel insuffisamment exploité dans le scénario
Le personnage de l'officier allemand est non seulement un peu brut de décoffrage mais passablement ambigu pour ne pas dire caricatural. On le voit tuer un chien qui n'avait qu'un défaut c'était d'aboyer puis on se demande s'il n'est pas en train de draguer Blanche en lui faisant les gros yeux et en la menaçant. En fait, ce n'est pas ça puisqu'une autre fois, il avoue être père de famille. Plus tard, son comportement est encore plus illisible puisqu'on découvre qu'il est muté sur le front de l'Est (bien avant 1942, donc ce n'est pas encore le début de l'horreur pour les allemands) et libère Virgile qui avait été emprisonné et tabassé par la milice française. Un peu bâclé, le personnage !
Au final, même si l'histoire est très belle et profondément humaniste, je reste largement sur ma faim avec ce film dont je ne peux pas m'empêcher de le mettre en parallèle avec le puissant "vieil homme et l'enfant" de Claude Berri. Et dans mon idée, ce n'est pas à l'avantage du film d'Onteniente.
Il ne me reste plus qu'une chose à faire, c'est de lire le livre de Christian Signol.
La note sera supérieure à 5 à cause de l'histoire qui me plait, indéniablement.
Elle sera inférieure à 7 qui est le seuil des bons ou très bons films.
Donc 6