J’aime le théâtre.
J’adore les personnages archétypaux, les costumes folkloriques, les textes écrits, oh trop écrits, les accents forcés, les formules trainantes qui font mouche, les décors peints et travaillés, oh trop peins et trop travaillés.
J’aime le théâtre. Et c’était du théâtre que les roucoulements de garance, que les dialogues de Prévert, que les robes et les costumes, que les piques de Lasnaire ou de Frédérick.
J’aime le cinéma.
J’aime la musique extra diégétique qu’on attend encore quand, pauvre mortel hors de l’écran, marchons seuls dans les rues de Paris, j’aime voir ce qu’on ne voit pas, j’aime les tableaux créés par les cares, ces tableaux qui volent sans cesse, j’aime les images qui se meuvent, qui bougent trop peut-être.
J’aime le cinéma. Et c’était du cinéma que ces tableaux mouvants, que ces larmes dans les yeux de Nathalie.
Je déteste le théâtre filmé. Quand la caméra ne quitte pas l’axe du proscenium, quand elle oublie qu’elle est un œil vivant, quand les comédiens oublient qu’ils sont des acteurs.
Mais j’aime le cinéma sur le théâtre, le théâtre dans le film. J’aime quand la grâce de deux univers qui se font face explose au grand jour, où plutôt à la grande nuit des salles obscures, quand dans une étreinte trop belle, trop forte, oh trop sublime peut-être, le cinéma rend hommage au théâtre, qui lui renvoie son œil amoureux.
L’histoire d’amour de ce film n’est pas celle de Garance et de Baptiste. C’est celle de l’écran et de la scène.