Un thème, l'enfance. Huit cinéastes plus ou moins connus, et autant de regards différents. Ou presque, deux d'entre eux signant un segment à quatre mains.
Avec le film à sketches, on se retrouve souvent avec quelques élus qui éclipsent un peu les autres. Les Enfants invisibles (très beau titre, soit dit en passant), mosaïque d'existences bien plus qu'objet théorique, se démène à retranscrire les tourments de l'enfance dans plusieurs contextes sociaux précis. A vrai dire, cette touchante galerie de portraits tire davantage sa force des décors choisis que du jeune âge de ses têtes d'affiche, évitant ainsi de tirer sur la corde sensible. Car de la fiction, du faux,Les Enfants invisibles semble vouloir extraire une forme d'authenticité, alors même que le projet est contraint aux changements de style.
Du coup, le long-métrage dans son entier dépasse le fil rouge thématique qui lui sert de point de départ. Loin de s'imposer des règles strictes, les cinéastes ne cherchent pas à tout prix à obtenir un tout homogène, certains segments s'avérant bien plus courts que d'autres. Mais de cette liberté naissent autant de voix singulières, au drame domestique ciselé par Spike Lee répondant la vivacité et l'opulence d'Emir Kusturica, pendant que John Woo s'autorise les élans émotionnels qu'on lui connaît, en profitant d'ailleurs pour tenter de les canaliser. Emmené par une belle équipe de comédiens, l'oeuvre affiche fièrement son aspect ludique.
A la fois drame globe-trotter et exercice choral, Les Enfants invisibles mérite vraiment d'être découvert. Et, pourquoi pas, de guider les aspirants cinéastes cherchant à faire cause commune.