Finalement c'est pas si mal la zoophilie !
Dans l'idée, j'avais un peu de mal à approcher le film. En effet, je n'avais que moyennement aimé Summer Wars contrairement à La traversée du Temps. Trop de thèmes abordés, le film restait en surface et ne se servait de son scénario que pour parler d'un thème qui lui tenait plus à cœur, la famille. Donc après la tentative de SW en demie-teinte, et voyant que c'était à nouveau un film sur la famille, je ne savais pas sur quel pied danser.
Mais je trouve que là, on est à un tout autre niveau.
Un voyage fantastique de beauté et d'humanité qui est bien plus mature que la façon dont il est présenté dans la bande annonce. Il est vendu comme un film pour enfant alors que même dans sa forme la plus simple, le film reste assez adulte. Les plus jeunes y verront quand même une belle fable mais punaise tout ce qu'il y a derrière c'est impressionnant. Le film pose vraiment des questions sur la différence, l'isolement et le choix. En fait quand je suis ressorti de la séance j'ai souri et dit : "faut que je vive ma vie". Non je déconne sinon je serais pas devant mon ordi. Mais le fait est qu'il y a de véritables choix dans le film qui nous imposent la réflexion sur le sujet : peut-on devenir ce que l'on veut ? Bien sûr tout passe par la métaphore mais c'est vrai que j'ai été interpellé à de nombreuses reprises dans le film à me dire que comme Ame j'ai été amené à changer. En fait c'est une sorte de reflet que l'on voit à travers Ame ou Yuki, les deux enfants, qui prennent les deux choix possibles qu'on a quand on est gamin.
Mais même sans ce message, j'ai réussi à adorer. L'univers est enchanteur, nous montrant des décors poétiques voire chaotiques parfois, n'hésitant pas à pointer du doigt des problèmes. Les dessins sont beaux, magnifiques même. Cet espèce de mélange qu'on a parfois ordi/dessin main fonctionne à merveille mais nous rappelle aussi que ce qu'on voit n'est pas la réalité. En fait, tout est fait pour nous absorber dans un quotidien anormal entouré de normalité. Les expressions, des personnages, le sont suffisamment pour bien faire ressortir les personnalités et le changement drastique au cours du temps. Et même si le trait est simple, ça reste d'une propreté impeccable et la réalisation des enfants en tant que loup est sublime. On les voudrait en vrai pour les prendre dans nos bras comme des peluches et leur faire des câlins (ils vendent des doudous ?). Et puis entre les passages dans la neige, sous la pluie, dans les champs, dans la forêt,... Y'a vraiment de quoi se prendre au jeu.
Le tout est sublimé par la musique qui nous gratifie de sa présence aux bons moments. Les compositions musicales envoutent, charment et amènent des sentiments. Je l'ai écoutée juste après avoir terminé le film, ce qui est rare, c'est dire à quel point cette dernière m'a semblé pertinente et surtout cohérente.
Comme je le disais un peu plus haut, Les Enfants Loups amènent vraiment quelque chose. On voit une mère seule face à la différence, qui se bat pour que ses enfants aient une belle vie. Pourtant les regards convergent, les doigts se pointent à son passage et le creux entre sa réalité et celle des autres s'étend peu à peu (le passage où elle hésite entre aller chez le médecin ou chez le véto pour Ame qui est malade ça fait bien rire mais ça illustre). On suit donc un destin tragique mais passionnant avec une véritable âme d'enfant. Ces enfants sont d'ailleurs, dans leurs réactions, plus vrais que nature. Il n'y a pas de gestes qui paraissent déplacés mais une vraie évolution de mentalité, ce n'est pas de l'adolescence rebelle primaire. La première partie est plus portée par Yuki qui est furibonde tandis que la deuxième va se porter sur Ame. Finalement les personnages ont tous le traitement qu'ils méritent. On n'en sent pas un qui est lésiné par rapport à l'autre ce qui m'amène à dire que la construction du film est parfaite.
Tout s'enchaine, est bien huilé et surtout, ça fonctionne. On y croit vraiment et parfois ça fait mal même si on est qu'un simple spectateur assis sur un fauteuil. Il y a un réel attachement qui fait qu'à la fin on est déçu. Non pas parce que la fin est mauvaise mais parce que tout ça n'a pas duré assez longtemps. Moi je voulais y rester là-bas dans ce monde, voir encore ses enfants, cette mère si attachante, si combattive et jamais énervante. Et même si à aucun moment dans le film le spectateur tremble véritablement ou on a peur de ce qui va arriver (c'est bien d'ailleurs la seule chose que je reproche au film), on passe au dessus et c'est vite oublié car un voyage comme celui-là, on n'en voit pas tous les jours.
Alors peut-être que je suis encore sous le charme du film, mais j'irai presque jusqu'à dire que c'est mon film d'animation favori (edit : j'étais effectivement encore sous le charme). Le fait de l'avoir vu au cinéma, ce qui est assez rare pour moi, y joue peut-être aussi. Au final je n'ai pas l'impression que cette critique fasse véritablement ressortir tout l'amour que j'ai pour le film, quoique la note se suffirait à elle-même. Dans tous les cas le pragmatisme de l’œuvre force le respect et la déclaration d'amour du film à l'animation japonaise et à la famille en général suffit à donner à ce long métrage une force incroyable.