J'ai souvent l'impression que les critiques de cinéma perdent leurs moyens lorsqu'ils se retrouvent face à un film d'animation : d'un seul coup, seule la forme compte : si le film ne se casse pas la gueule graphiquement, c'est gagné, et peu importe le fond pour peu qu'il puisse être décrit comme fun ou "poétique" (au choix). En France, le simple fait pour un dessin animé d'évoquer des thématiques "adultes", même très mal, est considéré comme audacieux, c'est une victoire facile ! Et un nivellement par le bas, à mon avis.
Certes, aussi bien sur le plan visuel que scénaristique, "les Enfants loups" est de loin supérieur à une suite disney des années 90, et il faut lui reconnaitre des qualités techniques objectives : le scénario se tient, les problématiques du film sont claires et potentiellement intéressantes, le rythme est bon... Il s'inscrit tout à fait dans la démarche d'auteur de Mamoru Hosoda, on ne peut vraiment pas lui reprocher d'être un blockbuster sans âme et c'est déjà ça, mais est-ce que ces éléments seraient suffisants à encenser un film en prise de vue réelle ? Ça m'étonnerait.
Pour ma part, au delà de ces observations, j'ai trouvé le film nauséabond de bout en bout.
Commençons par le commencement : une jeune femme tombe amoureuse d'un homme loup, ils ont des enfants, il meurt. Le côté "furry" est un peu perturbant mais soit, ne soyons pas obtus. Elle se retrouve donc à élever seule Ame et Yuki, tous deux mi-enfants mi-loups, mais très rapidement leur double identité la fait paniquer : comment continuer à vivre en ville avec un secret aussi lourd et surtout, comment leur permettre de choisir leur futur sans les influencer ? C'est là que ça commence à partir en eau de boudin, car la solution choisie par la mère est TRÈS critiquable : s'isoler en rase campagne avec ses enfants dans un lieu ou elle ne connait personne et ne plus vivre que pour eux.
Que cette solution soit choisie par le personnage principal est une chose, qu'elle soit présentée du début à la fin comme un exemple à suivre par le réalisateur en est une autre ! Car parmi les manières dont Hana choisit de "protéger" ses enfants du monde extérieur, on remarque tout de même, entre autres, le refus de les faire vacciner et une forte réticence à les laisser aller à l'école... Le film se fait donc l'avocat d'une éducation borderline sectaire mais également d'une idéologie sexiste en glorifiant une énième figure de mère courageuse qui se sacrifie toute entière pour ses enfants.
On pourrait chercher à disculper Mamoru Hosoda en objectant que sa fascination pour la mère dévouée, notamment, existait bien avant lui, qu'il ne fait que récupérer un poncif... Mais le personnage de Hana et la manière dont elle choisit d'éduquer ses enfants ne sont pas un détail irréfléchi, ils sont au centre du film et reflètent à mon avis parfaitement l'opinion du réalisateur en la matière, par conséquent il m'est impossible de faire preuve d'indulgence.