"Les enfants terribles", ou la relation étrange entre Paul et Elisabeth, frère et soeur indissociables, comme atteints du syndrome de gémellité et vivant dans une promiscuité orageuse, exclusive, passionnelle.
Le caractère poétique et la dramaturgie même de l'oeuvre de Cocteau, que ce soit dans le film comme dans le roman, sont déconcertants, en dépit qu'on y devine les thèmes chers -l'amour, la mort- de l'auteur. Son univers de l'enfance est très singulier; ses enfants terribles sont, dans le meilleur des cas, de déjà grands adolescents (il faut voir l'interprète masculin en culottes courtes!) livrés à leurs premières indécisions amoureuses. Leurs chassés-croisés avec Gérard et Agathe semblent des enfantillages d'adultes, au sens où leur préoccupation est adulte mais leur attitude encore capricieuse. Comme si Elisabeth et Paul ne parvenaient pas à franchir le cap de l'adolescence, préservant ce qui leur reste d'innocence dans une relation quasi incestueuse.
C'est une interprétation qu'on peut faire même s'il faut reconnaitre que les intentions de Cocteau nous échappent en partie. Les comédiens sont quant à eux, et en particulier l'inconnu (sauf pour Cocteau...) Edouard Dhermitte dans le rôle de Paul, avec ses allures d'éphèbe, peu convaincants.
On a tendance à l'oublier, mais le film est signé par Jean-Pierre Melville et pas par Jean Cocteau lui-même.