LES ÉTENDUES IMAGINAIRES est une oeuvre à la fois étrange et intéressante, jouant sur différents tableaux, mais n’arrivant pas forcément à créer un réel engouement, malgré un film bien plus profond qu’il ne semble l’être réellement.
LES ÉTENDUES IMAGINAIRES est un film écrit et réalisé par Siew Hua Yeo qui raconte l’histoire de deux inspecteurs cherchant à comprendre la disparition de deux ouvriers (Wang et Ajit) d’un chantier à Singapour, tout en évoquant les points de vue des deux camps.
Ainsi, sur un récit qui semble banal, LES ÉTENDUES IMAGINAIRES arrive à dévoiler peu à peu tout son potentiel. Si le film n’a, de prime abord, que l’aspect d’un simple thriller – pouvant certes être intéressant, mais pas indispensable – le premier aspect plus profond est alors révélé : celui d’un récit sur la vie d’ouvriers clandestins, sur la base d’un duo d’amis et amenant à des considérations sur un milieu que le spectateur connait peu ou pas du tout. Sans être réellement engagé dans une quelconque lutte politique, le film dévoile le cadre d’une vie contradictoire, ainsi que sa mélancolie et sa solitude ambiante. La nuit comme temps de l’action permet la compréhension, par le spectateur, de la sensation d’assister à la déambulation d’une âme qui semble n’avoir aucun passé ni futur, à l’instant précédant une catastrophe qui n’est jamais totalement expliquée par les personnages.
LES ÉTENDUES IMAGINAIRES joue donc à merveille avec les codes du thriller pour inquiéter de plus en plus le spectateur, tout en révélant une incompréhensibilité crescendo due à la confrontation du récit de Wang et de celui de l’inspecteur, ces derniers semblant antinomiques mais visiblement tous deux véridiques. Perdu dans un film qui prend du temps à révéler toutes ses cartes, le spectateur est génialement bien soumis au bon vouloir du scénario et de la réalisation de Siew Hua Yeo. S’il croyait tout assimiler et arriver à créer de la logique, le spectateur est privé d’un seul coup des clés de compréhension et ne sait plus ce qu’il doit croire.
L’ambiance onirique du film prend alors tout son sens car elle trouve alors réellement sa place et sa raison d’être. Le réalisateur joue sur une exacerbation des sens, notamment avec la lumière et le son, afin de sortir le spectateur de la torpeur et de l’amener à s’interroger. Une sorte d’Inception plus trompeur et incluant les spectateurs, LES ÉTENDUES IMAGINAIRES est donc loin de se baser uniquement sur une intrigue bateau et arrive à devenir une de ces œuvres qui émerveillent et questionnent le spectateur.
Il est difficile de reprocher quoi que ce soit au film de Siew Hua Yeo, mais il s’avère que le film est loin d’être aussi onirique qu’il semble le vouloir. Avec une complexité qui se révèle tardivement, l’oeuvre joue la carte d’un pseudo-twist de fin qui ne s’accorde pas forcément au reste, tout en étant la pièce maîtresse d’un étonnement nécessaire à la qualité du film. La considération de l’oeuvre comme étant onirique ne se révèle qu’après-coup, et perd malheureusement en puissance car ne transportant jamais assez loin le spectateur vers une sensation de rêve éveillé que Hua Yeo semble chercher désespérément.
Terence
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