Je pensais n'avoir jamais vu de film réalisé par Zhangke Jia. Je me trompais. Et je comprends maintenant pourquoi Les éternels me rappelait parfois Platform, que je n'ai pourtant pas revu depuis sa sortie au cinéma (et ça commence à remonter...).
Je regrettais d'avoir loupé A touch of sin, et au vu de la qualité de l’œuvre présentée à Cannes 2018, ce sentiment de regret s'en trouve renforcé.
Je ne vais pas me lancer dans une fine analyse de l'ensemble, ni dans une étude poussée du contexte socialo-démographique de la Chine qui nous est présentée dans cette œuvre. D'autres plumes, bien mieux aiguisées que la mienne s'en sont déjà chargées.
Le simple spectateur que je suis voulait simplement exprimer le plaisir tout simple qu'il a eu à voir une belle œuvre. C'est une belle histoire, sans pathos, mettant à l'honneur le magnifique patrimoine naturel chinois. Les décors (naturels donc) sont sublimes. La mise en scène est soignée. Les séquences urbaines sont superbes. Il y a un côté authentique qui m'a plutôt charmé.
J'ai apprécié les plans-séquences, que ce soit pour une scène d'une incroyable brutalité, pour la contemplation des personnages noyés dans les décors naturels, ou lors des dialogues, où tout est dit sans beaucoup de paroles.
Au risque de paraître absurde, j'ai été subjugué par la séquence précédant l'agression par les motards, dans la voiture, lorsqu'on a un gros plan sur le cigare que Tao Zhao fume lentement, pour ensuite voir l'image glisser sur la même Tao Zhao regardant par la fenêtre.
Les éternels, c'est ça. Une réalisation brillante qui opère un charme fou sur le spectateur.
Le talent de Zhangke Jia n'est pas la seule clé dans la réussite de son projet. Les acteurs y sont pour beaucoup.
Tao Zhao est magnifique, tout en délicatesse et souffrance d'un amour contrarié.
Fan Liao est imposant en gangster bourru, incapable de se laisser porter par son amour.
Tout simplement du beau cinéma.
7,5/10