Tout d'abord sans trop tarder, Ash is purest white (titre international de l'oeuvre), est un bijou de réalisation et surtout de mise en scène : tant par ce qui est déployé pour caractériser ses personnages (nous faire comprendre un personnage par ses actes, cf La dramaturgie d'Yves Lavandier) que ce qui l'est pour les icôniser (caractéristique que l'on associe au personnage, exemple de la hache dans Valhalla rising de Nicolas Winding Refn et je rajouterai sa façon d'être emmenée à lui).
Pour la caractérisation je donnerai l'exemple de la scène où Qiao rejoins Bin dans le salon qui lui sert de repère avec "ses frères" (collègues de travail). Qiao tape sur l'épaule de tous les gars présent dans la salle (ce qui nous donne une information sur sa personnalité) et réserve un traitement particulier à Bin auquel elle lui emprunte simplement sa cigarette, car ce dernier la récupérera, nous donnant tous les indices pour comprendre la relation qu'ils entretiennent tous les deux et celle qu'ils entretiennent au reste de la salle.
Et pour l'icônisation je prendrai l'exemple de la scène d'action où Bin, Qiao et leur chauffeur se font intercepter par un gang de jeunes voyous, et où l'on verra à l'écran chacun des passagers du véhicule se préparer (on sort l'objet iconique, dont le flingue qui est amené à la scène précédente, autour duquel gravite des opinions différentes à son sujet dans le couple), se lever et sortir un à un de la voiture pour aller se castagner avec la racaille lors de plans séquences orchestrés avec brio disposants d'un montage efficace qui renforce chaque impact de coup et l'entrée en scène des protagonistes.
Notez aussi l'utilisation du hors champ dans cette même scène pour pimenter le cadre où un zoom avant est effectué (en réalité la caméra se rapproche simplement lors d'un plan séquence à mon avis je vous laisse en juger c'est pas évident) sur l'un des personnages, renforçant ainsi le sentiment d'urgence (l'effet est là).
Concernant l'esthétique, celle ci est somptueuse, que ce soit les décors, les costumes et le choix des couleurs présentes dans le cadre : le film se pose là comme on dit et ça en jette !
Je ne peux que recommander même s'il faudra s'accrocher sur le dernier tiers de ce long métrage qui s'apparente clairement au drame social s'ajoutant à la romance des tiers débutants (si je puis dire grossièrement).
Allez vous tâter à ce chef d'oeuvre, quitte à y laisser des plumes, et vive le cinéma !