« Appartenant à une ancienne race d’êtres humains, les Eternels, qui peuvent manipuler l’énergie cosmique, ont été créés par les Célestes afin de protéger la Terre contre leurs homologues, les Déviants. »
Avec sa nouvelle franchise, sortie en salle mercredi dernier, Disney cherche tant bien que mal à renouveler sa panoplie de super-protagonistes dans une phase 4 du MCU qui peine à convaincre (Black Widow, Shang-Chi).
Pourtant une lueur d’espoir était possible, et l’ensemble avait de quoi intriguer : Réalisatrice doublement oscarisée, franchise quasi-indépendante des autres films Marvel et bande-annonce aux visuels plutôt jolis.
Mais Les Eternels nous prouve une fois de plus que même entre les mains d’une réalisatrice talentueuse, un tel scenario ne peut pas donner un bon film. Parce que oui, c’est d’abord un problème de scenario. Comment s’attacher à des personnages que l’on sait quasi invincibles, sortis de nulle part, sans parler du fait que c’est près de 10 protagonistes qui nous sont présentés dans une exposition plus que laborieuse. On est alors submergé par des héros aux pouvoirs déjà-vus (Superman, Cyborg, Wonder-Woman etc.), lisses, bien-pensants et incroyablement peu charismatiques.
Devant un scenario aussi vide (qu’elle a d’ailleurs co-signé), Chloé Zhao semble cocher des cases imposées par les studios. Les Eternels devient alors un film aussi inclusif qu’insupportable, tant les personnages visibles à l’écran semblent à l’image de la ligne éditoriale de Disney depuis quelques années. Chloé Zhao réussit l’exploit de n’oublier aucune minorité, sans que cela ne soit justifié ou motivé pour servir le scénario (la surdité de Lauren Ridloff appuie juste l’absurdité du scenario).
Chloé Zhao se complait ici à filmer toutes les cultures (inclusif n’oubliez pas !!) dans des décors plus chers les uns que les autres pour un résultat bien loin du spectaculaire promis. Les scènes d’action sont peu lisibles, trop courtes et sans enjeux. On est alors bien loin du style naturaliste, proche du documentaire, propre au style de la réalisatrice Chinoise (Nomadland, Riders). Après 2h d’exposition on arrive enfin au climax du film, climax digne d’un film de Guillaume Canet, tant les enjeux sont risibles et la tension inexistante (comment croire que la terre va exploser quand on sait que 7 films du MCU sont actuellement en production ?).
Sans parler évidemment du « « « plot twist » » » où l’on ose nous faire croire qu’après 5 millénaires à défendre la même vision du monde, on changerait grâce au pouvoir de l’amour (même Canet n’avait pas osé).
Devant un scenario aussi vide qu’inintéressant, on ne peut pas se reposer sur grand-chose. Les acteurs sont tous aussi mauvais les uns que les autres : Angelina Jolie est un mollusque botoxé et l’acting de Richard Madden se résume à contracter la mâchoire, pour ne citer qu’eux.
Si Marvel a souvent joué la carte du second degré dans ses récents films, pour le meilleur (Thor Ragnarök) et pour le pire (tout le reste), Les Eternels se prend bien trop au sérieux, et ce, malgré de rares traces d’humour peu réussies et quasi toutes présentes dans la bande-annonce du film.
Chloé Zhao ne parvient même pas à sauver les meubles, l’esthétique du métrage se résumant à des couchers de soleil dans des décors en CGI au coût sans doute plus importants que l’ensemble de la filmographie de Sean Bakker.
Lisse, lent et soporifique, le soi-disant renouveau du MCU est un échec sur tous les plans. Même du point de vue du divertissement pur, le film ne tire pas son épingle du jeu. Un film oubliable pour le spectateur comme pour la carrière de Chloé Zhao.