Rebel With a Cause

Le talentueux Pablo Larraìn revient, avec son nouveau biopic, Spencer, à son genre de prédilection. Après le beau mais inégal Ema, le réalisateur chilien nous plonge dans les coulisses d’un noël royal où une véritable lutte entre modernité et tradition s’opère.

Décembre 1991, alors que le mariage Charles - Diana semble au plus bas, une trêve est décrétée en plein conflit matrimonial. Spencer nous plonge alors dans 3 jours de quasi huit-clos, les caméras 16mm de Pablo Larrain braquées sur la princesse Galloise.

Lady Diana est l’aristocrate du peuple, la fille rebelle, le portrait classique du gouvernant qui aspire à une vie normale, loin des conventions et des obligations: elle veut être mère avant d’être princesse, femme avant d’être reine. Sa singularité s’illustre alors surtout au travers des innombrables tenues qu’elle porte successivement: Elle rayonne dans chaque plan, inondant de couleurs la morosité royale. Diana roule en porche, arrive en retard au rendez-vous royal, porte des jeans et des lunettes Gucci, commande KFC au déjeuner. C’est là une clé de lecture centrale du film: elle est tout à la fois une icône générationnelle et un mythe qui perdurera après son décès prématuré.

Les fresques naturalistes se succèdent alors, Kristen Stewart en électron libre au milieu d’un entre-soi royal, incarné par plusieurs figures, la reine Elizabeth d’abord, picturesque nature morte, et le prince Charles, mari absent, avouant lui même la nécessité d’un dédoublement de soi pour assumer ce rôle royal. L’actrice y trouve alors son meilleur rôle, incarnant avec justesse cette figure insaisissable.

La plongée intimiste est largement réussie, Pablo Larraìn maîtrisant parfaitement son sujet. Le mythe Diana est ravivé, la modernité l’emporte sur la tradition, Burke s’incline face à Paine, Lady Spencer a gagné.

[8.5/10]