« Paris 13e, quartier des Olympiades. Emilie rencontre Camille qui est attiré par Nora qui elle-même croise le chemin de Amber. Trois filles et un garçon. Ils sont amis, parfois amants, souvent les deux. »
Plan large sur la ville, musique électro, noir et blanc, Jacques Audiard nous propose une plongée dans les interrogations d’une certaine jeunesse parisienne, libre, diplômée, précaire, perdue et chez qui on baise, d’abord, puis on discute.
Si les Parisiens pensent connaître le 13ème, Audiard l’a sublimé. Avec un noir et blanc des plus magnifique, le réalisateur d’Un prophète propose un des meilleurs long-métrages de cette année 2021.
La première chose qui saute aux yeux, c’est la capacité du réalisateur quasi septuagénaire à réaliser un film aussi juste et actuel, sans doute aidé par la présence de Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu) au scénario. Sans jamais tomber dans le romantisme à outrance, Jacques Audiard filme quatre jeunes adultes aux relations sexuelles libres, entrecroisées, mais dans une certaine quête de stabilité et d’amour.
Dans ce Paris géométrique, rythmé par les boulots précaires et l’instabilité constante, le sexe sert de fil conducteur à l’évolution psychique et sociale de nos personnages. D’un marivaudage très contemporain, nos personnages s’ouvrent et se dévoilent les uns aux autres progressivement. On se cherche, on se laisse tenter, on s’oublie avant de finalement se recroiser, au bas d’une des tours d’un 13ème cosmopolite. Dans cette atmosphère charnelle et décousue, Paris est le dénominateur commun, le cadre spatial, temporel et le terrain de jeu, rendant possible tous ces vagabondages sentimentaux.
Les acteurs sont excellents, Lucie Zhang et Makita Samba tout particulièrement, apportant un vent de fraicheur dans un paysage cinématographique parfois déconnecté des réalités.
Vous l’aurez compris, Les Olympiades est ma palme d’or de ce Cannes 2021, un, si ce n’est, le meilleur métrage de l’année, un film contemporain, singulier et nécessaire après une telle pandémie.