Spencer
6.4
Spencer

Film de Pablo Larraín (2021)

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Elle dit “fuck”, elle se fait vomir, elle se scarifie, elle provoque, elle annonce qu’elle va se caresser la belette…
Non, il ne s’agit pas de Nancy Spungen — la vilaine petite amie de Sid Vicious — mais de la princesse de Galles (1961~1997).

Pablo Larraín brosse le portrait d’une Royal Highness bien différent de l’image que nous avons de la célébrissime Diana Frances Spencer — ‘nous’… du moins les personnes qui ne connaissent d’elle que les images et les histoires officielles.

Le temps d’un court séjour dans la région natale de Lady Di, à l’occasion de fêtes de fin d’année, le réalisateur chilien met à bas l’extrême douceur, la timidité, le charme, le port altier… pour se concentrer sur les angoisses, les hallucinations et les souffrances d’une femme que les conventions de la vie à la Cour rebutent, que les aventures extra-maritales de Charles écœurent.

Seuls le chef cuisinier, une des servantes ainsi que ses deux jeunes garçons (William et Harry) permettent à Diana de garder la tête hors de l’eau (sans pour autant éliminer ses tendances suicidaires).

Quelle est la part de réalité dans cette peinture peu orthodoxe ?
Les biographes décideront.

Pour le béotien, Spencer est l’occasion de mieux connaître une des plus éminentes personnalités de la fin du XXe siècle.

Keep noise to a minimum — They can hear you

Lady Di n’était pas heureuse, nous dit Larraín.

Pour mettre en scène le mal-être de la Princesse, pour reproduire l’atmosphère oppressante qui la noie, le Sud-Américain fait le choix (contestable) d’une image pisseuse et se concentre sur le son, très travaillé.

Diana parle rarement de façon normale : elle chuchote beaucoup, parfois de manière logorrhéique (c’est que le monde entier est après elle : la famille royale, le personnel du château, les paparazzis...).
Une ambiance sonore particulière qui doit aussi énormément à la musique ; notamment des violons qui grincent et des trompettes qui cornent en un magma asphyxiant.

Bien que Spencer se veuille sans doute hagiographique — la famille royale, l’adversaire donc, n’est guère montrée sous un jour favorable —, il n’est pas certain que nous présenter une Lady Di au bord de la folie permette d’atteindre l’objectif (même si la multitude des « amis » de Diana dira qu’elle en bavait justement à cause des autres).

Kristen Stewart s’en sort plutôt bien dans un rôle difficile (et probablement sous haute surveillance !). Peu importe la ressemblance, très limite (Naomi Watts était physiquement plus crédible), l’essentiel étant de parvenir à installer le personnage, à développer un récit cohérent et plausible.
C’est le cas.
Nous avons droit en sus à des dialogues profonds (avec le majordome et la servante) et à des scènes touchantes.

Une très bonne surprise.

Arnaud-Fioutieur
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le 26 sept. 2022

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