L'enchantement automnal du départ ne dure pas assez pour empêcher complètement de piquer du nez. Malgré tout (et surtout malgré une petite absence au cœur de l'intrigue qui empêchera mon avis d'être complètement documenté...), ce débarquement européen dans l'aristocratie protestante ne manque pas de piquant, parfois, comme si la Merteuil s'invitait au Festin de Babeth. Enfin, toute proportion gardée, parce qu'ici, les petites manœuvres à visées matrimoniales causent nettement moins de dégâts que les manigances festives de la marquise machiavélique. Mais bon, la réflexion sur les différences de mentalité précoces entre l'aristocratie américaine et sa cousine européenne ne manque pas d'intéresser, dans la mesure où elle éclaire un peu les origines du fossé qui nous sépare de nos "modèles" américains. Dans cette histoire, les européens semblent avoir intégré une bonne dose de bohème, tandis que leurs cousins de l'autre bout du monde se sont confits dans des principes d'austérité qui leur sont des corsets invisibles. A peine ont-ils conscience par moments seulement de ces entraves. Il faut que leurs sentiments les tourmentent pour que, d'un coup, ils sentent le poids de la pression collective de leur protestantisme rigoureux. Bref, malgré un rythme plutôt modéré, une histoire qui trouve finalement son chemin dans un finale un peu amer, et, avec le recul, explique bien des situations invraisemblables de La petite maison dans la prairie, cette mièvre série farcie de sacrifices et de bons sentiments.