L'Espoir est la seule chose dont personne ne peut nous priver. Rêver, penser et vivre ce que la raison veut impossible, là est la vrai liberté. Celle de l'esprit. Convaincu que l'Espoir meurt en dernier, après les sentiments, après toute forme d'émotion et toute pensée empoisonnée, comme arme contre l'anxiété, je pense que comme le dit le film "L'Espoir, c'est une bonne chose, peut être ce qu'il y a de mieux". Il est un sentiment bien plus fort que les barreaux.


"Les Evadés" est pour moi un Chef- d'œuvre spirituel. Plongé au cœur d'une brutale réalité carcérale aux antipodes du conte de fée, il narre poétiquement le quotidien dans la plus dure prison de Nouvelle Angleterre.


En 1947, un jeune banquier dénommé Andy Dufresne affirme être victime d'une coïncidence lorsqu'il est accusé du meurtre de sa femme. Tout porte à le croire coupable, et le juge semblant mépriser le bénéfice du doute rend un procès bâclé d'où naît notre empathie à son égard. Notre attachement à des hommes reconnus coupables des pires indignités n'aura d'ailleurs rien de paradoxal. Ici, "tout le monde est innocent". Coupable ou non, là n'est pas le cœur de l'intrigue, le charme exceptionnel de ce récit prodigieux est même sans doute du à l'absence de suspens. L'espace de deux heures, nous vivons le lent instants présents aux cotés de ceux qui passent une vie entière en détention. La fatalité qui frappe le jeune Andy, du fait de sa finitude et des deux peines à perpétuité consécutives qu'il doit purger, laisse s'éteindre une forme d'espoir que sa présence va pourtant raviver en certains hommes de Shawshank. Cet homme cultivé, au savoir démesuré pour un tel endroit, purgera une détention d'exception dénonciatrice des conditions carcérales américaines. Au cœur de ce drame, l'amitié nouée entre le jeune homme et un prisonnier de 20 ans d'ancienneté révèlera une force insoupçonnée.


"Je crois qu'un instant durant, chaque homme de Shawshank s'est senti libre"


Dans sa cellule de 4m², loin d'être une chambre du Hilton, se construira progressivement un lieu d'évasion métaphorique, tailler des pierres pour occuper ses années, écrire, lire des livres et en faire lire pour enjamber le gouffre de l'ignorance, et pour une liberté toujours plus métaphorique … accrocher des filles de rêve aux murs.


"En Prison, un homme ferait n'importe quoi pour occuper son esprit". Les passes temps favoris sont diverses, jouer au baseball, aux dames, aux cartes, "certains collectionnent les timbres", Andy consacrera sa détention à des hobbies plus nobles. Mais tous les oiseaux ne sont pas faits pour vivre en cage, et l'espoir se perd au fil du temps ... et durant sa détention Andy n'aura pas que des amis. Alors si je devais donner au film un minimum d'intrigue, je reprendrais cette phrase qu'il a lui même formulée "Dépêche toi de vivre, ou dépêche toi de mourir" ?


J'ajouterai que ce qui fait la splendeur d'une telle œuvre se ressent dans l'éminence du réalisateur en osmose avec l'excellence de ses acteurs. Chaque personnage incarne à merveille la place qui lui revient sur l'échiquier. La narration par Morgan Freeman de l'histoire d'Andy Dufresne, dont il joue le meilleur ami, rend la dimension historique du récit plus intemporelle encore.


Ce n'est pas l'un des films ordinaires dont la fin tragique fait pleurer son audience, mais une référence inspirante qui transcende l'époque de son récit ou de sa sortie, une prouesse intellectuelle et émotionnelle dont l'éclat ne diminue pas avec le temps et face à laquelle chacun pourrait et devrait s'identifier.


Alors simplement, Merci à ce film d''être là !


Cam711
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le 18 janv. 2025

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