Little Black Book, c'est un scénario qui se laisse engluer par l'immaturité de ses personnages. On aura notre soûl de jeunes adultes encore plein de grandes idées qui pensent faire de la tragédie grecque en téléréalité. L'une d'entre eux, jouée par une Brittany Murphy qui tient lieu d'une version de Drew Barrymore qui n'aurait rien vécu, ne verra rien de mal à mentir, manipuler et s'approprier tout ce qui est à sa portée pour arriver à des fins égoïstes qui (à la surprise de personne, sauf nous) ne manqueront pas d'entamer sa parfaite relation amoureuse. Et là : pente glissante, drame, badaboum.
Ce superficiel incontrôlé où beaucoup de futilités sont proférées sur la durée sans être remises en question, c'est ce qu'on garde du film. Et je ne dirai pas qu'on a tort. Mais - on s'en rend compte un peu tard - il s'agit aussi d'un moyen d'explorer le sujet lui-même : la téléréalité, et sa frontière éthique ambiguë entre l'hypocrisie et l'étalage au grand jour de la vie privée. De ce point de vue, il est logique que la version Barbie de Barrymore soit idiote sur les bords, puisque l'objectif est de l'attirer au fond du gouffre, dans l'émission Little Black Book, où elle sera confrontée à ses erreurs dans la catharsis joyeuse et plastifiée dont les téléspectateurs sont friands comme les Romains l'étaient (dit-on) de jeux sanglants.
Pour en arriver là, le film s'adapte trop au milieu télévisuel, ce monde d'émotions artificielles où tout les coups sont bons pour empiéter sur le respect d'autrui. À trop y toucher, Little Black Book aussi devient artificiel et borderline, commettant beaucoup des erreurs qu'il dénonce pourtant. En résumé, il mérite en grande partie d'être vu seulement pour sa fin, et sa fin se mérite. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs, j'imagine.
→ Quantième Art