Bourreau des corps
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le 26 juin 2024
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Si le scénario n'est pas dépourvu de ce qui paraît ressembler à quelques petites incohérences, la rigeur ascétique de la mise en scène et son (primordiales l'une comme l'autre) ainsi que le charisme imperturbable D'Adam Bessa font de ces Fantômes un geste de cinéma radical salutaire.
Le film observe et interroge bien plus qu'il n'énonce les ravages toujours aussi profonds de la guerre civile syrienne sur leurs exilés. Du côté des tortionnaires comme de celui des résistants, nul ne peut se défaire d'un régime totalitaire qui continue d'envahir tout leur espace mental. Les premiers en usent fort aisément pour étendre leur sphère d'influence en Occident, tandis que les seconds restent d'éternels survivants pour ceux ayant réussi à fuir ce régime. Ce qui intéresse ici le cinéaste consiste à jouer sur les faux semblants et la filature.
Tandis que le réseau d'indicateurs demeure liquide et insondable, passant régulièrement du point de vue du principal instigateur à celui de ses collègues sans qu'on ne puisse jamais réellement les identifier clairement (hormis cette veuve qui le seconde), le supposé boureau retrouvé reste ambigu. Un faisceau d'indices plus ou moins concrets semble le confondre, mais obstrues par des doutes lancinants qui ralentissent la procédure. Et combien même il s'avèrerait être le bon coupable, qu'en faire? Laisser surgir son instinct naturel de vengeance au risque de se compromettre spirituellement, ou le laisser aux mains de la justice internationale qui détourne le regard toute accaparée qu'elle est par d'autres conflits encore plus actuels?
Quelques notes d'espoirs ne sont pas interdites cependant, comme semblent le suggèrer quelques figures périphériques donnant une respiration bienvenue. Le plan final le confirme peut-être, mais n'en oublie pas pour autant la tragédie en cours.
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le 21 août 2024
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