Les feuilles mortes se ramassent à l'appel d'Aki Kaurismäki et il faudrait être sot pour ne pas profiter du cadeau, tellement son cinéma humaniste et poétique nous est indispensable. Le réalisateur finlandais ne tourne désormais plus qu'un long-métrage tous les 6 ans environ et Les feuilles mortes, sous la forme d'une comédie romantique et mélancolique, nous renvoie à ses plus belles réussites du passé. Fidèle à ses personnages issus des classes populaires, solitaires et non dénués de vices (des verres en trop, pour son héros), Kaurismäki décrit un environnement tragique, via les nouvelles à la radio (la guerre en Ukraine) mais aussi heureux, grâce à un cinéma de quartier (le film est bourré de références à certains de ses réalisateurs fétiches), dans lequel un couple pourrait peut-être se former et s'épauler, en ces temps difficiles. La petite musique kaurismäkienne fonctionne à plein, notamment au détour de dialogues qui suscitent souvent un rire spontané. C'est vrai que le monde va mal et qu'il fait plutôt froid en Finlande mais quoi d'autre de mieux que l'amour, les vieilles chansons locales ou le rock pour réchauffer et attendrir les cœurs et les corps. L'Helsinki Blues de Kaurismäki se combat avec de l'affection et de la solidarité. Et pour l'alcool, ce sera avec modération, pour conserver la santé le plus longtemps possible.