Ah, il m'en aura fallu du temps pour retrouver un tel coup de foudre cinématographique ! J'avais presque oublié que le cinéma pouvait raconter une histoire, qu'il pouvait être fin, intelligent, généreux.
Que dire de plus? Ma faculté de juger s'incline, je suis séduit.
Spoilers dans la suite.
Dans 10 ans, j'aimerai sans doute avoir un peu plus de précisions sur ce que j'ai pensé du film. Alors je vais m'efforcer d'en parler un tout petit peu quand même. Même si critiquer ce que l'on admire n'a pas forcément de sens pour moi (j'ai toujours plus d'aisance à critiquer ce que je trouve imparfait...).
Pourquoi en effet s'abaisser à décortiquer le génie ? Que faut-il dire, sinon assez ennuyeusement que: l'histoire est émouvante, que les dialogues sont brillants, que l'on s'attache aux personnages, que la mise en scène, que blablabla... Le génie est un ensemble, un ensemble qui paraît évident au spectateur (là est le génie), alors qu'il est le fruit d'un long travail.
Ce que j'ai apprécié avant tout, c'est ce que raconte le film. Il raconte une rencontre, un attachement, une évolution. Il est léger, mais il dit beaucoup de la nature humaine. Il offre une réflexion sur l'amour, sur sa distinction avec la protection et la compassion, sur l'obstacle de la différence d'âge aussi. Quel amour est le plus vrai ? Celui, fantasmé jadis, de Terry pour Neville, ou celui, plus tangible mais ambigü, pour Calvero ?
Il y a aussi tout une réflexion sous-jacente sur l'angoisse, sur l'auto-censure, sur le désir de vivre contrarié (la psychose de Terry, l'alcoolisme de Calvero) et sur l'échec. Je pourrais continuer longtemps. Ce film est une mine d'or. Par sa bienveillance et par son intelligence, il satisfait l'âme et l'esprit.
Quel génie ce Charlie ! Allez hop, je vais voir tous ses films, obligé !