Au-delà d’un dispositif fascinant qui anéantit la barrière entre fiction et documentaire, ce film raconte la nécessité d’exorciser ses traumatismes pour réussir à faire son deuil.
La réalisatrice, Kaouther Ben Hania, créé une émotion immédiate lorsque les deux comédiennes censées remplacer les filles ainées d’Olfa font leur apparition. Les sourires de toutes ces femmes qui semblent si heureuses de se rencontrer laissent peu à peu place aux larmes. La présence de ces comédiennes renforce désespérément l’absence des êtres aimés.
Dans certaines scènes, le rôle d'Olfa est joué par une comédienne tunisienne célèbre : Hend Sabri. Cela permet ainsi aux deux filles cadettes de livrer leurs douleurs sans craindre la réaction de la matriarche. La violence de cette dernière est ainsi révélée aux spectateurs.
Le destin tragique de ce groupe de femmes se lit à la lumière des événements qui ont bouleversé la Tunisie. Après le Printemps Arabe, la Charia a terrorisé les femmes du pays. Le film pose la question de la place du corps des tunisiennes au sein de la société. Les femmes issues de la génération actuelle, incarnées par les filles cadettes, cherchent à se réapproprier ce corps.
La réalisatrice nous confronte à quelques images d’archives qui nous informent du sort des filles ainées d’Olfa. Les regards des ces dernières nous transpercent. Pour comprendre la violence subie par la famille, il faut écouter et déceler les peines dans les mots du trio. Les images d’archives ne trompent pas mais elles disent une réalité que le film ne suffira jamais à expliquer pleinement.