La sélection du deuxième long-métrage d'Eva Husson en compétition officielle à Cannes l'a sans doute été pour une mauvaise raison (son aspect féministe). Un tel film aussi maladroit dans sa construction que mélodramatique dans son traitement s'exposait à coup sûr aux rafales assassines des journalistes harassés et sans indulgence du festival. Cela n'a pas manqué. Loin de l'agitation de la Croisette, si l'on est réticent à cautionner cette mise à mort, l'on ne peut hélas pas beaucoup sauver de ce film qui aborde un sujet sur le papier pourtant plus que digne d'intérêt. Mais montrer la lutte armée des femmes kurdes contre Daech en y intégrant une reporter de guerre française sent déjà, dès les premières minutes, le truc scénaristique plaqué. D'autant que ce personnage, peu approfondi, s'explique en voix off à l'entame et à la fin du film avec des accents pesants de donneuse de leçons. Emmanuelle Bercot, que l'on préfère derrière plutôt que devant la caméra, ne fait qu'encombrer ces combattantes et surcharge un récit qui n'avait pas besoin de cela déjà lesté de flashbacks incessants et indigestes. Au fait, c'est quoi au juste la tonalité recherchée par le film ? Lyrique, romantique, démonstrative, informative, guerrière, politique ? Un peu tout à la fois avec une recherche esthétique qui ne sied pas du tout au propos. Evidemment, il y a le charisme de Golshifteh Farahani, aussi persuasive en ménagère chez Jarmusch qu'en meneuse de femmes, ici. Elle réussit le prodige de sortir intacte et magnifiée de ce film poussif, lourd, gauche et présomptueux.