Dans le tiercé des grands films d'anticipation des années 2000.
L'histoire du cinéma est ainsi faite qu'elle est jalonnée de grandes injustices: Pourquoi Shakespeare in Love a reçu l'oscar du meilleur film à la place du Soldat Ryan? Pourquoi Terry Gilliam n'a jamais réussi à réaliser son Don Quichotte? Pourquoi Clovis Cornillac a décidé de devenir "acteur"? Et surtout pourquoi, Les Fils de L'Homme est sorti dans un relatif anonymat alors qu'il est sans doute l'un des tout meilleurs films des années 2000.
On peut ainsi rapprocher Les Fils de l'Homme de Sunshine l'autre grand film d'anticipation des années 2000, lui aussi sorti dans l'anonymat.
Ce film d'Alfonso Cuaron (aussi réalisateur du 3eme Harry Potter, le meilleur de la saga) est un véritable chef d'oeuvre pour son approche naturaliste de la science fiction et pour sa mise en scène ultra innovante.
Le film transpire la modernité:
Premièrement en refondant totalement l'approche habituelle de l'anticipation. Ici les thèmes sont sociaux (l'immigration, la corruption), la vision est dystopique et les décors renvoient sans cesse au pire de notre société: ghettos, bidonvilles, champs de batailles...
Deuxièmement, le film est ultra moderne dans sa forme. Cuaron nous gratifie ainsi de 3 plans séquences d'anthologie, et d'une caméra à l'épaule soulignant le naturalisme du film et rapprochant le film du journalisme de guerre. La mise en scène de Cuaron confine au génie. Par exemple dans cette scène de fuite, filmée en plan séquence où une voiture n'arrive pas démarrer; la scène oscille alors entre pur suspense (la voiture va-elle réussir à démarrer?) et pure ironie (la fuite est lente et cela en devient presque un gag).
Enfin le film est moderne par son caractère totalement Pop Art: sa bande son (King Crimson, Deep Purple, Beatles) et les clins d'oeils que Cuaron glisse tout au long du film (le cochon gonflable survolant Londres, de Pink Floyd).
Le film est parsemé de seconds roles fascinants, et la mort précipitée de Julianne Moore annonce la couleur: la mort rode et aucun personnage n'est à l'abri. Le thème de la fécondité finalement assez peu exploré en science fiction (à l'exception de Brave New World de Huxley) permet heureusement à Cuaron d'introduire une dose d'optimisme dans un film très sombre. La salut de l'homme est dans sa progéniture, et Cuaron le démontre de la plus belle des manières.
Les Fils de l'Homme ou comment rendre Has Been la concurrence en 1h50...