Dix ans après sa sortie, il n'est plus possible de considérer Les Fils de L'Homme comme une oeuvre SF. Nous y sommes, et pas seulement parce que certains détails du film résonnent tristement avec l'actualité de ces dernières mois. Puissante et réaliste, la plongée en apnée de Cuaron est une expérience suffocante, traumatisante, parce qu'elle nous confronte à notre propre mort, celle de toute une civilisation qui phagocyte son avenir et ses espoirs.
Que dire d'autre, le film parle pour lui avec une densité et une véracité impressionnantes. Revoir Les Fils de l'Homme après Gravity éclaire sur la pertinence de l'oeuvre cuaronienne. Les deux se répondent, car sous la peinture d'une humanité qui tente de survivre à ses propres assauts, ce sont aussi des films profondément touchants sur le deuil et la rédemption, même s'il donnent à leurs héros des trajectoires diamétralement opposées (sans en rajouter plus pour éviter le spoil).
Fond parfaitement travaillé donc, mais forme non moins brillante, avec ces désormais célèbres plans-séquences qui n'ont rien de l'esbroufe mais tout d'une volonté farouche d'immerger le spectateur au coeur de l'action. La maestria de Cuaron et de son équipe font le reste pour parvenir à prendre aux tripes comme rarement au cinéma.
A voir et à revoir en attendant l'inévitable.