Ca faisait un moment que j'avais ce film dans ma liste des "à voir" parce que j'aime la façon dont Alfonso Cuaron raconte ses histoires et que le pitch m'attirait. Ce dernier est assez simple : nous sommes dans un futur proche (2027) où il n'y a eu aucune naissance en 18 ans.
A partir de ça, Cuaron est arrivé à injecter dans son film toutes les thématiques qui lui sont chères : la jeunesse bien sûr, mais aussi la guerre ou encore la lutte des classes. Et il fait ça de manière intelligente, en passant par les sous-thèmes qui s'en dégagent et ce qu'ils représentent : l'héritage, l'acceptation, le sacrifice, le futur, l'espoir, la sclérose gouvernementale, la corruption de tout type de pouvoir (même émanant de nobles idéaux)...
Et pour couronner le tout, il y a la manière dont toutes ces thématiques s'imbriquent les unes aux autres que j'ai trouvé particulièrement organique et fluide. Certes les messages sont amenés de façon un peu abrupte, sans trop de subtilité, mais ça ne dérange en aucun cas. C'est même un peu selon moi la marque de fabrique du Monsieur, c'est un éternel ado un peu naïf, un pacifiste révolté qui montre du doigt des problèmes de société.
D'un point de vue plus cinématographique, les fils de l'homme est là aussi très marqué par son auteur. Des plans assez larges, une caméra dynamique associée à un montage assez lent, une colorimétrie plutôt terne et bien sûr les plans séquences. J'aime comment ceux-ci sont pensés, n'hésitant pas à quitter les personnages pour expliciter l'environnement de la scène, son contexte. Ce ne sont pas les personnages qui sont intéressants mais le monde dans lequel ils évoluent, et en tant que réalisateur, il fait ce qu'il faut pour nous le faire ressentir.
On note également un photographie aux petits oignons qui a par ailleurs récolté de multiples nominations et récompenses.
Bien sûr le film n'est pas exempt de défauts. Comme je le dit plus haut, les personnages manquent beaucoup d'intérêt. Ils ne sont pas le moteur de l'histoire, juste un prétexte, un fil conducteur. On notera une exception pour les rôles secondaires, ce qui m'amène au point suivant : le casting.
Le rôle principal est attribué à Clive Owen qui est toujours un acteur sans expression, ce qui désamorce les moments dramatiques. J'admets tout de même volontiers de beaux efforts sur la gestuelle qui aide à l'immersion dans certaines scènes. Le second rôle est joué par Clare Hope-Ashitey, inconnue au bataillon pour ma part et qui hélas le restera probablement avec ce film (non pas qu'elle soit gênante ou mauvaise, juste....oubliable quoi). Et puis il y a les autres rôles secondaires pour lesquels on a sortie l'artillerie LOURDE. Michael Caine (que j'aime profondément), Julianne Moore (que j'aime tout autant) ou encore Chiwetel Ejiofor (plus connu sous le surnom : mais si, le mec là...vous savez? Il a joué dans pleins de trucs!).
Bref, c'est un film intéressant à de nombreux niveaux qui, bien qu'il ne mérite pas selon moi ses 5 étoiles quasi-unanime de la part de la presse mérite bel et bien d'être vu.