Alfonso Cuarón, ou l’un des cinéastes les plus en vue du moment après la claque Gravity, s’était auparavant illustré de la plus belle des manières avec Les Fils de l’Homme ; ce récit de science-fiction, adapté du roman éponyme de P.D. James, arborait en effet la patte si spectaculaire de ce dernier, tout en transposant pour le mieux sur grand écran une intrigue follement captivante.
Dans l’ensemble on tient donc là un long-métrage ni plus ni moins époustouflant, happant notre attention avec brio dès sa séquence d’introduction pour le moins évocatrice (le décor est planté avec ingéniosité), tout en nous estomaquant d’entrée de jeu.
Dès lors, Les Fils de l’Homme se veut irréprochable tant son ambiance grandement immersive nous emporte, et repose tout du long sur la parfaite symbiose de trois composantes : scénario, réalisation et personnages/interprètes.
Comme déjà dit la trame est effectivement prenante comme pas deux, dont le postulat de départ s’avère aussi ingénieux que sombre (infertilité mondiale), tout en ayant de dramatiques conséquences : la vision d’une Angleterre autarcique proche du chaos, entre la chasse inhumaine aux réfugiés et les sanglants affrontements impliquant gouvernement et terroristes, confère ainsi au long-métrage un ton malsain, et d’autant plus accentué par une approche visuelle aussi réaliste que poisseuse.
Le ton est donc donné, et ce futur empli d’un désespoir ambiant bénéficie d’une mise en scène hallucinante de Cuarón, décidément unique en son genre : le film est ainsi truffé de plans-séquences géniaux, tel que le vertigineux champ de bataille du camp de Bexhill ; la photographie est de même extraordinaire, et rarement un long-métrage tourné caméra à l’épaule n’aura été aussi somptueux.
Bref, tout sert au mieux une œuvre nous remuant comme il se doit, profonde et brillante de thématiques humaines comme politiques ; reste le point des personnages, tous formidables, mais il convient de citer avant tout la paire Théo / Julian.
Ce couple brisé, peu présent au final à l’écran, parvient en peu de temps à se rendre émouvant, car juste dans son traitement, tant ces deux figures sont crédibles à souhait ; le rôle de Clive Owen est ainsi sublime, et que dire de sa propre interprétation toute bonnement superbe.
Alors, sans oublier de citer les formidables Michael Caine, Julian Moore ou encore Claire-Hope Ashitey, on peut conclure en qualifiant Les Fils de l’Homme de chef d’œuvre : la réalisation démente de Cuarón n’est assurément pas anodine à cela, mais le film fait encore mieux en nous offrant un contraste saisissant entre humanité proche de l’extinction et mince étincelle d’espoir… à l’image d’un dénouement aussi terrible que magnifique, excellente conclusion en les circonstances.