Sans doute le film le plus léger de Murnau : il y a pas mal de personnages, le rythme est vraiment alerte, les scènes très courtes, les personnages se croisent.
Le film, adapté d’une nouvelle, est découpé en six chapitres : la narration annonçant le prochain chapitre le résume et se permet des commentaires sur les personnages !
Les dialogues sont assez pointus mais on note au début un langage « de jeunes », lorsque le second du grand duc dit de celui-ci : « Il faut attendre qu’il soit frais et dispo ! ». Il y aura quelques autres répliques comme celle-ci ironique ou à contre-sens.
L’un des gros points forts du film ce sont des décors réels clairement (le film a du coûté très cher) magnifiques entre l’ile et le château du grand Duc, les immenses bateaux, la mer, la petite ville où le grand Duc et une bonne partie des personnages se rend. C’est très exotique.
Les situations s’enchaînent très vite et pas le temps de traîner ou de faire connaissance, ça y va fond, j’ai ris plusieurs fois mais pas énormément non plus. Le casting s’amuse vraiment et ça se voit : Alfred Abel, qui joue Philippe, espiègle (il est cambrioleur, plagiaire, soi-disant journaliste (la narration se montre très ironique et affective à son égard)) : un touche à tout très intelligent. Sourire ultra-bright, sautillant, Abel l’incarne avec fougue : c’est lui qui aura la dernière réplique diablement ironique et qui nous révèle peut être les intentions de son personnage.
Côté mise en scène, Murnau enchaîne les plans rapidement et surtout fait plusieurs jump-cut (coupure dans un plan pour accélérer le récit), on note un travelling en vue de montrer une série de chiens s’apprêtant à démarrer une course de chiens dans un château (si, si, c’est sans doute le summum du burlesque de ce film) et un plan très beau pris d’une barque vers la fin nous approchant de marins. Mais « Les finances du Grand Duc » est un film d’écriture : c’est la très prolifique Thea Von Harbou qui en a écrit le scénario.
L’heure et quart passe plutôt vite, à voir avec un certain plaisir parce que c’est le genre de comédies qui fait vraiment du bien.