Shanghai, fin du XIXème siècle. Les hommes de la bonne société chinoise ont pour habitude de se retrouver dans les "maisons de fleurs" pour y boire, manger, jouer, et se faire dorloter par de jeunes courtisanes. Ce demi-monde est un univers de faux-semblants, ou rien de ce qui se dit n'a la moindre importance, mais où tout ce qui est important est exprimé en creux, par les silences et les non-dits.
C'est aussi un monde prisonnier d'une temporalité cyclique. Les banquets succèdent aux banquets, les nuits aux nuits, les trahisons aux trahisons, et rien ne change jamais. Les courtisanes vivent comme des poissons dans un bocal--aucune scène d'extérieur ne vient aérer le récit, entièrement confiné dans les "maisons"--et aucun des multiples drames qui se jouent ne trouve son dénouement.
Un film douceureux comme une bouffée d'opium et langoureux comme une nuit d'amour tarifée, à la mise en scène superbement maîtrisée, mais qui exige une patience certaine pour être apprécié à sa juste valeur.