C’est dans une sorte d’allégeance aux rituels quasi méthodiques de son habitude de faire exploser la narration au détriment d’un maniérisme de pointe que le punk Suzuki aborde cette fois le genre du Ninkyo Eiga. D’un esthétisme toujours raffiné et d’une rupture de ton déjà très porté par la mise à mal du déroulement scénaristique et les contre-points situationnels, Les Fleurs Et Les Vagues n’est pas toujours porté pas cette alchimie miraculeuse qui lui permettra souvent d’imposer son style au détriment de tout autre contrainte.


Même si on est déjà très frappé par cette façon de faire totalement inédite, le film enchaînant point de vue social avec cette description du monde ouvrier, ces derniers n’étant cette fois pas des victimes, mais agissant comme une sorte de meutes aux rites rocambolesques, et pure tragédie romanesque, avec cette histoire de passion triangulaire entre deux geishas et un ancien yakuza reconverti en contremaître, le film aurait gagné à être moins brusque, il faut voir cette façon qu’à le réalisateur de faire exploser le déroulé du récit quitte à en perdre le fil. On aurait aimé qu’il prenne parfois un peu plus le temps de mettre en branle cette perspective afin d’imposer beaucoup plus ses personnages.


Mais c’était sans doute trop demander à ce trublion irrévérencieux qui réussira ce pari fou d’allier magnifiquement narration et stylisation dans son remarquable La Vie d’un Tatoué, réalisé l’année suivante, dans un registre similaire.


Malgré ces quelques facilités et sa manie trop-plein d’empressement à tout faire péter, le film demeure d’un esthétisme remarquable et les idées de mise en scène foisonnent. Toute sa science du rendu visuel sera magnifiée lors d’un final admirable de combat dans un paysage enneigé.

philippequevillart
6

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le 2 juin 2018

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