Tragédie d’un loser traqué dans l’engrenage mortifère de ses ambitions. À bout de course, la nuit londonienne avale le rêve et son échec.
Un très beau film noir en plein Londres où la nuit joue un rôle central que Dassin filme avec autant de réalisme qu’avec des références expressionnistes ( quartiers populaires, des lieux sombres, des usines, des escaliers, des quais et des trottoirs , des bars avec une myriade d’individus plus ou moins louches entre voleurs, trafiquants , malfrats, mendiants ) Il y a des scènes de combat de lutte impressionnants, filmés au plus près des corps et des visages… Au cœur de l’histoire, sur fond de corruption et de déchéance : une traque et une fuite éperdue, celle d’un homme recherché par de tueurs , devenant quasiment paranoïaque : R Widmark est le loser parfait, assez pathétique , anti héros un peu mythomane , escroc certes , mais pas « méchant » au fond . Il n’est qu’aspiré par sa soif de reconnaissance, échafaudant des combines, rêvant d’un futur idéalisé pour maîtriser un présent qui ne lui convient pas . C’est une quête narcissique (“I just wanna be somebody”) qui le mène à sa perte. A travers cette fuite, cette course, Jules Dassin, Dassin dénoncé par Edward Dmytryk auprès de la Commission des Activités anti-américaines à la fin des années 40, évoque indirectement le maccarthysme, la chasse aux sorcières à Hollywood puisqu’il a été contraint de quitter les USA pour tourner en Europe.