1950, vu que l'Angleterre poursuit son protectionnisme en matière de cinéma, les studios hollywoodiens viennent quelques fois tourner chez eux histoire de rentabiliser l'investissement... Ce coup ci, chasse aux sorcières oblige, Zanuck envoie Jules Dassin histoire de l'éloigner quelques mois... Le résultat fait que Londres ressemble du coup un peu beaucoup à pas mal de villes de film noir, mais vu qu'on adore ça, c'est pas très grave...
Richard Widmark joue, très bien, un personnage assez insupportable prêt à tout pour réussir, entre les petites magouilles de rabatteur de boîte de nuit et le rêve d'un grand coup qui changerait sa vie.
Le grand coup se présente sous la forme d'un match de lutte qu'il voudrait organiser, aidé en cela par l'immense Stanilaus Zbyszko que Dassin avait admiré quand il avait cinq ans... Bien sûr, rien ne va, malgré l'amour de Gene Tierney, et le petit arriviste miteux devient une figure tragique à mesure qu'il s'enfonce dans une mouise inexpugnable...
Les nuits interlopes sont superbement filmées, les acteurs sont tous formidables, surtout Francis L. Sullivan, et je n'ai pas reconnu Charles Farrell...
A un moment, le film s'échappe, il quitte le scénario bien huilé et devient bouleversant lors d'un match de lutte hallucinant. La fuite désespérée se poursuit alors dans un rythme délirant, parachevant ainsi ce qui reste une des petites perles noires du genre, et plus belle encore de sa noirceur désespérée.