Une maîtrise technique magnifique transcende ce film. La photographie, le choix des couleurs et des lumières, ainsi que les choix de cadrages - qui passe de l’immensité du far west à l’intimité de personnages - sont parfaitement immersifs, enveloppants et somptueux. Bien que tourné en Europe, on se sent vraiment dans l’image de l’ouest américain sauvage.
A noter aussi le mélange des intrigues et des rythmes, qui permet au film de montrer à la fois de l’aventure (la poursuite de frères sisters), des moments de philosophie (le voyage de Morris et Warm). Qui permet également aux personnages de réellement évoluer, jusqu’à la touche d’humour noir finale. Dans cette alternance et mélange des genres, Audiard parvient aussi à instiller les balbutiements d’une époque qui n’a pas encore définir une ligne claire, entre utopie et pragmatisme, entre barbarie et modernité.
Prestation excellent de Joaquim Phoenix, Jake Gyllenhaal, John C Reilly et Riz Ahmed. Le quatuor, avec leur force mais surtout leur différence, leur complémentarité et leur complicité évidente à l’écran. Et c’est les accrocs et liens entre les différents personnages qui donnent sa saveur au film, plus que l’histoire qui reste assez classique.
Le film s’en tire bien dans le genre du western, et apporte sa pierre à l’édifice du genre sans se démarquer fortement. De nombreux thèmes sont abordés par Audiard (le rapport au près et à la famille, la prédestination, la violence, les vices, la rédemption).
Une séquence finale cependant complètement en décalage avec le reste du film. Que cherche à nous montrer Audiard ? on reste perplexe, comme si on avait raté quelque chose. C’est un peu la touche qui m’a sortie du film, car il eut été préférable de finir sur la séquence plus mordante d’avant, une certaine désillusion en ligne directe avec le film. Alors qu’avec cette fin, on sort de la salle en restant perplexes.