Chez Jacques Audiard il n'y a rien à jeter. Ses films sont denses, humains, décrivant une réalité tangible dans un monde réaliste.
Les Frères Sisters sont de cette trempe là. Le parcours des personnages est limpide parce qu'ils sont filmés de chair et d'os (et non de rouille). Le réalisateur nous fait découvrir le mitan du siècle précédent, dans une Amérique qui accélère tout d'un coup son défrichage.
Assassins sans morale dès les premières images, on découvre par petite touche leur identité intérieure, d'où ils viennent, leur enfance forcement difficile, et leur mobile.
L'intrigue prend son temps et ne se déroule pas selon les règles standards du genre.
Les paysages d'Espagne, illustrant la Californie. sont splendides et la reconstitution des villes de l'ouest et de San Francisco est un régal. Des arrêts sur image permettraient d'observer les détails du décor, par exemple l'affiche de l'offre du dentiste avec les prix pour de nouvelles dents. Technique de 1850..
Une réussite. Original et simple. A se demander pourquoi il a fallu attendre 2018 pour découvrir un western qui ne dénature pas la réalité par excès, par usure du genre ou par idéologie.