A force de lorgner vers l'Amérique, il fallait bien que Jacques Audiard s'y colle, et c'est chose faite avec sa première réalisation (franco) américaine, avec James C Reilly, Joaquin Phoenix et Jake Gylenhaal.
Les deux premiers sont deux frères chargés par un homme mystérieux, le commodore (joué par Rutger Hauer), de retrouver un chimiste qui a crée une poudre permettant de localiser de l'or dans les rivières.
J'avoue qu'au départ, j'ai un peu de mal, car je ressentais comme de la distance vis-à-vis de ces deux frères, l'un posé, l'autre plus chien fou, mais peu à peu le charme a opéré, et au fond, malgré les apparences, Les frères Sisters n'est pas un Western, mais plus un drame existentiel autour des personnages, de leurs rapports complexes, et ça donne en fin de compte un beau film.
Beau, car il y a la superbe photo de Benoit Debie (qui n'a pas volé son César), où il réussit l'illusion de faire croire que nous sommes en Amérique malgré le tournage en Espagne et en Roumanie, et de très belles scènes de nuit. Mais aussi la réalisation de Jacques Audiard, sans nul doute le meilleur actuellement en France, car il apporte une véritable plénitude à cette atmosphère pourtant pesante.
Avec quelques scènes noires, la découverte tragique de la poudre phosphorescente, comme l'araignée qui entre dans la bouche de John C Reilly pendant qu'il dort, ce qui fait qu'il vomit ses tripes le lendemain, ou alors cette très belle scène finale où un homme d'âge mur retombe en enfance en retournant dans son petit lit dans la maison de sa mère.
C'est peut-être un ton en-dessous de ses anciens films, comme De rouille et d'os (qui reste à mes yeux son meilleur), mais c'est toujours intéressant de voir un réalisateur français, à la manière de Bertrand Tavernier, fouler les terres américaines.