"Profondo rosso" est connu comme l'un des sommets du giallo, genre transalpin à cheval entre le policier et l'horreur. Il est vrai que l'on y retrouve ici tous les ingrédients caractéristiques.
Un protagoniste témoin d'un meurtre, qui décide de mener sa propre enquête face à une police semblant profondément dépassée et incompétente. Une enquête qui sera biaisée par sa perception faussée d'un élément du meurtre.
Là-dessus, Dario Argento nous pond même une scène sacrément osée, dévoilant l'identité du tueur dès le départ pour qui sera bien attentif !
Un tueur violent, pratiquant l'arme blanche, aux mains gantées et caché par son chapeau & imperméable. Des scènes de meurtres sanglantes, et des rebondissements rocambolesques.
Le film a beau représenter le fleuron du genre, il souffre tout de même de plusieurs longueurs. Dues principalement aux séquences humoristiques, voire romantiques, entre notre héros et une journaliste. Séquences qui développent il est vrai celle-ci, et contribuent à la ranger parmi les suspects. Mais qui ne font pas avancer l'intrigue, et semblent en décalage par rapport au reste. Il n'est guère étonnant qu'elles aient été coupées de la version américaine.
C'est fort dommage, car à côté c'est un vrai régal. "Profondo Rosso" dégage une forte personnalité baroque. Entre la BO singulière de Goblin, des jeux de couleurs sinistres contrastées, et les décors cauchemardesques, Dario Argento se fait plaisir. Une villa art nouveau à l'abandon devient un théâtre inquiétant, les appartements surchargés façon 70's des lieux de menace, une place tranquille se transforme en désert urbain anxiogène.
Argento livre des séquences de meurtres particulièrement graphiques et sanglantes, où gros plans, grands angles, et autres compositions ingénieuses sont légions. Tandis que les mouvements de caméra et le montage (ah ces zooms typiques des 70's !) sont des plus angoissants.
Rien que pour cette personnalité, le film mérite d'être vu. Et également pour ceux qui voudraient découvrir ce genre cinématographique si particulier, qui a émaillé les années 60/70.