Alain Chabat est l’un des membres fondateurs – et peut-être le membre le plus connu – de Les Nuls et une véritable célébrité française et internationale. Son public est capable d’aller le voir dans n’importe quel film, même Turf – et le mec qui est en train d’écrire cette critique peut en témoigner. Voir ce comique de la fin du vingtième siècle aux côtés d’un humoriste du début du vingt-et-unième peut paraitre assez paradoxal, mais tout aussi intéressant. Dans tous les cas, on peut dire qu’un choc de générations est un pari risqué. Pari réussi ?
Depuis le succès fulgurant de L’Arnacoeur, les réalisateurs français essaient désespérément de faire des comédies romantiques calqués sur le modèle anglo-saxon, – de la même façon que le gouvernement essaie de copier l’Allemagne, en fait – Les Gamins arrive donc comme un véritable OANI (Objet Audiovisuel Non Identifié) en se positionnant dans un registre romantico-crado, avec un humour clairement français, jouant avant tout sur les références, les parodies, les jeux de mots, comme dans La Cité de la Peur pour ne pas citer d’exemple. Mais est-ce que ça fonctionne vraiment bien ?
Qu’on connaisse, qu’on aime, ou pas, les débuts de Max Boublil sur Internet, il faut reconnaitre que lui et son compère Anthony Marciano ont un vrai sens du dialogue et la quasi-totalité des répliques font mouche. On rit du début à la fin en passant par le milieu. En plus cet humour décalé est porté par une distribution d’exception, à commencer par Max Boublil lui-même, Alain Chabat à l’apogée de son art, mais aussi Alban Lenoir ou encore des acteurs « invités » servant parfaitement bien les références.
Mais ce n’est pas tout ! Les Gamins, c’est pas juste un enchainement de blagues sans aucun scénario, c’est même tout le contraire. En effet, on se détache de la comédie romantique pour faire face à cette rencontre entre un père lassé de tout et son futur beau-fils qui va déclencher sa crise d’adulescence. Ce qui, en plus d’amener des situations plus qu’hilarantes, va apporter au spectateur capable de creuser, d’aller voir derrière les rires, de véritables réflexions sur l’amour, sur l’art…C’est un film rempli de névroses sans doute tirées de l’expérience personnelle des réalisateurs.
Finalement, on trouve peu de défauts à Les Gamins, même si certaines personnes fermées d’esprit pourraient s’attaquer à une trop grande vulgarité – qui ne peut forcément pas plaire à tout le monde, même si elle est maitrisée. C’est réellement un film à part, innovant dans la comédie, tout en utilisant ce genre comme une garniture pour raconter une histoire plus profonde, émouvante. Ironiquement, pour sa première expérience en tant que scénariste/réalisateur, Max Boublil – aidé par Anthony Marciano, qu’on ne citera pas suffisamment dans les critiques – montre l’exemple et a compris que la comédie était un genre sérieux.