Sorti en 1961, Payroll correspond au free cinema, l'équivalent anglais de la Nouvelle Vague, avec un ancrage social plus marqué, où le lieu de l'action n'est plus forcément Londres, et qui se veut plus réaliste dans son propos, quitte à aller dans l'évocation de la violence ou la sexualité.


Payroll raconte comment quatre types vont préparer durant des mois l'attaque d'un fourgon blindé, car l'un d'entre eux est infiltré dans la société qui construit ces véhicules. Sauf que surprise, un tout nouveau fourgon, plus résistant, en liaison avec la police, vient d'être inauguré, mettant en péril leur plan initial. Qu'à ce cela ne tienne ; l'attaque se déroulera comme prévu, mais celle-ci va être un désastre. Tout le film raconte les conséquences de ce cambriolage sur les quatre bandits, mais aussi sur leur famille, où c'est tel une lame de fond.


Autant le dire tout de suite ; c'est absolument formidable ! D'une modernité absolue, le film a l'intelligence d'expédier très vite ce casse, par ailleurs bien filmé, pour nous montrer autre chose, rarement vu ; les conséquences. Et il faut dire que ça n'est pas triste, sans trop en révéler, car l'histoire est comme un château de cartes où tout y a sa place, où on se méfie d'absolument tout le monde, y compris des épouses, pour un final assez noir d'ailleurs sous le ciel de Newcastle, qu'on reconnait d'ailleurs car c'est aussi la même ville où se déroule un certain Get Carter.


Je ne connaissais pas ce Sidney Hayers, mais je ne suis pas surpris qu'il était au départ monteur, car ce réalisateur a un sens inné du découpage des scènes d'actions et même des dialogues, où ça va à 100 à l'heure. Il nous fait profiter de superbes plans de Newcastle, qui semblait être en reconstruction, et on dirait que le réalisateur a su profiter de la liberté de ton qu'il voulait pour son histoire, pas du tout manichéenne ; on y voit du sang, de l'adultère, des relations sexuelles, et même des plans où les femmes sont en soutien-gorge -shocking !


C'est sans doute la liberté donnée par le mouvement du free cinema, qui voulait s'éloigner des comédies qui marchaient à cette époque, et c'est également l'occasion de voir de véritables gueules à l'écran, ne serait-ce que par la présence du personnage principal joué par Michael Craig, un des bandits, ou même les autres acteurs, et il y a la surprise de voir Françoise Prévost dans une des épouses, pas si catholique que ça, qui lâche quelques mots de français quand elle s'énerve.
Il ne faut pas oublier de parler de la photo noir et blanc signée Ernest Steward, fortement inspirée du Film noir américain, et de la musique de Reg Owen à forte base de cuivres.


Comme toujours, il vaut mieux en savoir le moins possible en découvrant le film, mais j'avoue que la surprise a été de taille, car il va à contre-courant des films de casse, à savoir que le braquage en lui-même est souvent une apothéose, mais là, il va plus loin en en révélant les terribles conséquences.

Boubakar
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le 24 mai 2019

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