En voyant ce "les garçons et Guillaume, à table", on ne peut pas - me semble-t-il - ne pas penser au "Tarnation" de Jonathan Cahouette, puisque Guillaume Gallienne règle pareillement ses comptes avec sa mère, cause d'un trouble identitaire et sexuel profond qui a marqué sa vie et dont il arrive tout juste à se sortir... sauf que non ! En fait, tant formellement que fondamentalement, les deux films sont complètement à l'opposé l'un de l'autre : Gallienne, acteur de théâtre "classique" déroule son journal sous la forme d'une comédie "du centre", souvent impeccable, alternant avec une virtuosité indéniable scènes d'une grande drôlerie - parfois grasses et triviales, ce qui ne gâche rien, à mon avis - et bouffées d'émotion toujours très mesurées. Cependant, cette tendance au conformisme populaire ne joue pas contre l'authenticité du film, grâce à une très, très belle idée, qui est que Guillaume interprète également sa mère - avec une justesse sidérante, qui ne désamorce pourtant pas la charge comique de ce portrait de bourgeoise accablée par ce fils dont elle ne sait que faire. Le final joue la carte du pardon et de la réconciliation, et prend le risque du happy end improbable, mais l'évite - de justesse - de nouveau grâce au basculement de l'interprétation de la mère, qui permet à Gallienne de remporter le morceau grâce à son culot. Finalement, il est difficile de juger si "les Garçons. .." restera dans les mémoires (sa limite est très certainement l'impression un peu gênante que tous ces tourments puissent être si facilement pardonnés, et dépassés...), mais il constitue une expérience des plus divertissantes et finalement stimulantes pour son spectateur.