- Bonjour mes agneaux. Ce soir, c’est les vacances, alors on va regarder un film, et ensuite on fera un petit cours de svt, qui est la science vérité, je vous le rappelle. Je ne vous dis rien, on en reparle après.
Pendant le film, beaucoup ricanent, se gaussent du côté efféminé de Guillaume Gallienne, d’autres sont littéralement morts de rire pendant le passage avec Ingeborg… Certains sourient plus discrètement, on les sent touchés, émus par l’histoire de GG.
- Des réactions ?
Ne s’expriment alors que les forts en gueule :
Un poète :
- Trop drôle la tantouze !
Le géographe, à la Gaston Ouvrard :
- Y met un pagne en Espagne, a les glandes en England et en bave en Bavière !
Et quelques autres, faussement naïfs :
- Madame, on va étudier l’anatomie du cheval ?
- Vous pouvez-nous expliquer c’est quoi un lavement ?
- Hum, dans le temps qu’il nous reste, on va parler du genre. Et on va s’appuyer sur le film. Tout d’abord, l’espèce humaine est un genre à poil, et Guillaume Gallienne nous le montre assez bien. On ne voit pas tout, mais il est bien à poil.
Au fond de la classe, un grand frisé beaucoup plus âgé que les autres fait non de la tête. Un autre l’a remarqué :
- Madame, Jeff Copé nie !
-C’est vrai qu’on le voit pas, dans le film, son pénis, mais il est bien à poil. Guillaume Gallienne est donc bien un humain. Non, ça c’est une blague, c’est Madame Sophie Smeu qui vous en parlera plus tard en philo.
Car ici on fait de la science ! Et on va vite remettre les points sur les zi.
- Les zizis ?
- Oh, Jules, quel esprit mal tourné ! Donne moi ton carnet, et pendant que tu y es, t’as pas aussi les c… ? Aussi euh, non, on est en classe, enfin oui, tu les as, bien sûr, tu n’es pas un Julot pour rien. Enfin, on verra ça avec tes parents.
Maintenant, on fait cours. Prenez vos crayons : il n’y a pas de théorie du genre.
- Eh, Théo rit, m’dame !
- Florent, on est en cours de svt, pas de théâtre.
- Ok m’dame.
- Je reprends : il n’y a pas de théorie du genre, mais seulement des faits.
Prenons l’exemple du film : Guillaume Gallienne est un garçon. Il a été appelé Guillaume car à la naissance, l’obstétricien et une femme sage qui l’assistait ont constaté la présence à l’entrejambe d’un pénis et de testicules, ce qui a contraint ses parents à lui donner un prénom de garçon, quoi qu’aient pu être leurs désirs. C’est le sexe biologique, c’est une donnée de la nature, incontestable, même s’il existe des cas particuliers. Ensuite il y a le genre, c’est son identité, que l’on construit et qui peut évoluer. Dans le film, Guillaume se perçoit comme une fille, il en adopte les comportements que la société attribue généralement aux filles. Enfin, il y a la sexualité, le désir : on peut-être attiré par une personne du même sexe, par une personne de l’autre sexe, ou par tous les sexes. On est dans ce cas, homosexuel, hétérosexuel ou bisexuel.
Et le zizi sexuel, m’dame c’est quoi ?
Drrrrrrrrrrrrring !
Bonnes vacances, les petits !