Il faut reconnaître au moins une chose à Bertrand Mandico : il ne fait ni dans le convenu, ni dans le consensuel. Que ce soit dans ses précédents (courts et moyens) métrages, ou dans ce premier long, tant sur la forme que sur le fond, il y a incontestablement une patte, un style, une originalité de tous les instants, au risque de perdre quelques spectateurs en route. Ainsi, dès le début de ces Garçons sauvages, on ne peut que saluer le travail effectué sur la couleur, la lumière, le cadrage, le son, tout ce qui participera à créer une ambiance particulière et atypique. Rien que pour cela, on est déjà un peu au-dessus de la moyenne des productions actuelles, souvent académiques, qui ont tendance à se ressembler et à ne pas prendre de risques.
Un peu au-dessus, oui... Et ce sera tout. Car si cette histoire à la Orange mécanique avait, sur le papier, de quoi séduire, dans les faits, c'est autre chose. Premier problème : une empathie limitée pour ces personnages d'adolescents égoïstes et arrogants, qui empêche l'identification et crée une distance par rapport à eux, à leur sort et au film en général, qui, s'il n'est décidément pas désagréable à l’œil, ne suscite pas autant d'émotions que l'on aurait pu l'espérer. Pour ne rien arranger, ces fameux garçons sont campés par des actrices qui, bien qu'aussi masculinisées que possible, ne peuvent, pour au moins trois d'entre elles, guère faire illusion. Si l'on comprend ce curieux choix par la suite, cela n'en constitue pas moins un obstacle supplémentaire à l'adhésion du spectateur. Et comment ne pas mentionner la façon dont est montrée la transformation que vont subir les héros,
avec ces organes génitaux qui tombent littéralement par terre,
qui frise à deux reprises le ridicule. Il est bien évident que ces deux derniers problèmes auraient pu être réglés avec des effets spéciaux, donc un budget supérieur, auquel n'avait sans doute pas accès Bertrand Mandico. On le comprend. Mais le fait est que son film pâtit de ce manque de moyens.
Enfin, on peut également déplorer des pistes de réflexion moins nombreuses qu'attendu. Si les thèmes évoqués sont particulièrement dignes d'intérêt, tels le crime et sa répression, ou encore le genre, le film ne les développe finalement qu'assez peu. Le réalisateur semble décidément avoir accordé davantage d'attention à l'esthétique de son oeuvre qu'à ses autres aspects. Dommage, il y avait là un sacré potentiel.