Bertrand Mandico tire la sève de son premier long métrage dans des genres bien divers - Orange mécanique, Sa majesté des mouches, Jules Vernes, expressionnisme allemand, L'Île aux Trésor, Shakespeare, Youporn - qui n'avaient, a priori, pas grand chose en commun, mais qui, une fois réunis, aboutissent à un ensemble cohérent de vrai cinema d'auteur. Le mélange des genres est ici quasi meta : les Garçons sont interprétés par des filles, qui jouent des garçons, qui font l'expérience de la féminité. Rappelons l'histoire: une bande de cinq ados violents et bourgeois est envoyée en pleine mer sur un rafiot dirigé par une poigne de fer par "le capitaine", vieux loup de mer à la physionomie hors normes, qui aura su convaincre les parents de ces derniers que l'air marin pourra changer leurs diables de fils en parfaits petits citoyens dociles.
Le film navigue entre le morbide et le désiré, la frustration et l'épanouissement sexuel, l'inclusion et l'exclusion du groupe social. Ces éléments renvoient à la psyché et à l'inconscient, que le film met en lumière avec des références bien plus qu'explicites (mention honorable pour l'arbre phallique) et avec une profusion de symboles.
Il est probable que le film - un ovni, distribué par UFO, ça ne s'invente pas - peine à trouver son public, et soit perçu par certains comme une débauche de plans prétentieux faisant systématiquement référence a une sexualité sans pudeur. Il demeure que Les Garçons sauvages apporte un nouveau souffle au cinema Arts et essais, enfermé depuis trop longtemps dans des standards scenaristiques et visuels vus et revus.