Gamora, par amour du goût
Mes éclaireurs, entre autres, ont tous fait de très bonnes critiques, structurées et analytiques.
Je ne vois donc pas le besoin d'en faire autant; ainsi vais-je donner mon avis subjectif en disant n'importe quoi. Vous êtes prévenus !
On a là un Avengers bis : autant dans la construction du film, que dans les personnalités et rôles des personnages. L'arbre Groot = Hulk, la brute Drax = Thor, le raton laveur Rocket = Iron-Man et la femme verte Gamora = Black widow.
Prenez le temps de les comparer. Sérieux, c'est les mêmes !
On a bien sûr toujours droit à cette esthétique kitch qui caractérise le désormais riche univers cinématographique MARVEL. C'est gros, ça brille, c'est tout public et y'a des sous (170 000 000$) . Et moi je trouve ça moche, moche, moche. Cela-dit, la 3D est réussie. Passons.
La VF est mauvaise, pour changer...
Quelque chose m'a choqué plus que tout : ce film est sensé être accessible aux enfants. Hors, je ne sais pas vous, mais personnellement, gamin, voir une femme cancéreuse dans son lit de mort flotter dans l'espace et me tendre la main, ça m'aurait traumatisé.
Et puisqu'on est sur l'enfance, le syndrome imago-infantis est porté par ce film.
Mais c'est quoi, le syndrome « imago-infantis »? Je t'explique, petit curieux. C'est un syndrome que je viens d'inventer en me donnant des faux airs d'étymologiste, pour désigner cette sensation, quand on regarde un film, d'être projeté directement dans l'imagination d'un enfant qui s'amuse. En l’occurrence, ce fut le même ressenti pour ce film que pour Avengers : c'était comme vivre la projection synthétisée des pensées d'un groupe d'enfants en train de jouer.
« -On dit que je serais un raton laveur modifié, qui est super intelligent !
-Moi, une grosse brute !
-Et moi, un arbre magique !
-Et y'aurait des pisto laser, et boom ! Boom !
-Et alors là, le méchant il arrive, et après il... »
Voilà. Vous avez compris. N'hésitez pas à mentionner le syndrome imago-infantis dans vos critiques pour le faire passer à prospérité (le pire c'est que j'y crois, à mon truc).
Gros blockbuster déjà-vu, exagération de MARVEL, surenchère... Ce film aurait été un gros nanar insipide, surpassant Thor, si ce n'avait été pour son second degré omniprésent.
Car c'est bien cela que James Gunn nous offre : de la dédramatisation servie par une musique pop-rock qui dénote le ton habituel du genre.
Même si l'on n'échappe pas aux zooms sur le cul de l'actrice (pauvre Zoe Saldana) moulé dans un pantalon de cuir noir. Merde.
LÉGER SPOILER
La scène qui nous introduit au héros « Star-Lord » devenu adulte, j'ai adoré.
Quand le schéma classique de l'homme stylé est cassé par un gars qui danse avec son walkman dans un décor lugubre et hostile, ça fait du bien ! Surtout avec la scène précédente, dramatique, où il perd sa mère.
Que dire alors de la scène où le méchant entame son speech de dictateur, et qu'en réponse, pour le distraire, il se met à danser devant lui, le laissant des plus perplexe ? J'ai ri, mais ri !
FIN LÉGER SPOILER
Le fonctionnement est excellent, dans le sens où à chaque situation dramatique semble n'être instaurée que pour se faire casser par une touche d'humour plus ou moins cynique...
On notera aussi des références à la pop culture américaine, fournies à la pelle, disséminées plus où moins finement, parfois bien cachées.
Les gardiens de la galaxie détient donc deux lectures : au premier degré, c'est un énième blockbuster MARVEL, mais une fois le cerveau débranché, c'est honnête, bourré d'action et de visuel gras qui tache.
Au deuxième, c'est un film qui ne se prend pas au sérieux, truffé de pépites d'humour gentiment anti-conventionnel, dans lequel les protagonistes entament une marche sous fond de musique épique, tout en se grattant les parties, le nez ou encore en baillant.
Après la séance, j'ai mangé un Country aux trois brasseurs. C'est un hamburger dont le pain est remplacé par des galettes de pomme de terre (la meilleure idée depuis l'invention de la roue), avec deux steaks hachés, du bacon, du chedar et un œuf au plat.
Ce sandwich est comme le film: à la fois malsain et délicieux, ça change un peu du basique tout en respectant l'idée qu'on s'en fait, et il y a ce petit quelque chose en plus qui fait qu'on en remangera à la prochaine sortie...
...Même si dans le fond, rien ne vaut les légumes bio du jardin.