Le raton laveur à carreau, l'arbre aux trèfles, le roi des piques et la dame écoeure

Il y a quelque chose d'un peu triste à constater que le plus sympathique des blockbusters de l'été souffre des défauts désormais inévitables dans les grosses productions actuelles et se révèle finalement con, pauvre et moche comme ses congénères, même si, pourtant, un vague fond de plaisir régressif arrive miraculeusement à surnager.

Je ne sais pas ce qu'il faut penser de ce retour un peu pathétique au 80s pour combler un manque d'inspiration qui se fait critique. Pour faire de cette décennie affreusement vulgaire un modèle il faut que nous soyons tombés bien bas et c'est probablement le cas, ce qui finit d'ailleurs par rendre sympathique une bouse comme celle-ci ou encore un Super 8 pourtant intrinsèquement médiocre. Et pourtant, c'est un réel soulagement de voir que musicalement la mère du héros n'a pas pu remplir la K7 de son petit des productions des décennies suivantes qui feraient presque passer les 80s pour un des temples du bon goût en la matière, ce qui n'est rassurant pour personne mais le petit côté sympatoche rattrape beaucoup de choses... Après, c'est bien entendu dommage qu'en en faisant des tonnes avec le walkman, les scénaristes se soient révélés parfaitement incapables d'en tirer tout le suc jubilatoire possible...

On va dire que quitte à prendre des modèles pour pallier une absence complète de créativité et un manque viscéral d'imagination, ce n'est peut-être pas la plus mauvaise idée du monde de se tourner vers les Indy et les Star Wars de notre enfance, imaginez qu'un jour on fasse des resucées de ces fichus Gardiens.... HaHaHa... vous voyez d'ici le cauchemar ? Dans le cas contraire, vous faites peut-être partie de ces inquiétants spectateurs qui hurlent à la face du monde leur inculture crasse et leur petitesse de goût en déversant ici ou là leurs dithyrambes invraisemblables sur ce tombereau d'idioties et vous n'aurez probablement pas l'impudeur de continuer plus avant une lecture que vous imaginerez sans peine inappropriée.

Parce que des idioties, malheureusement, il n'y a plus ou moins que ça ici tellement il semble devenu impossible d'obtenir des scénaristes d'aujourd'hui autre chose que des vannes redondantes des complots interplanétaires avec boule magique et des fusillades sans fin...

Ce qui est dommage aussi, c'est de ne jamais utiliser le charme du genre, les possibilités de découvertes de mondes, prendre parfois son temps au lieu de foncer comme des débiles en quatre secondes à l'autre bout de la galaxie pour massacrer soixante personnes plus ou moins innocentes par seconde devant l'indifférence polie du spectateur civilisé.

Ce qui est embêtant, surtout, c'est de ne pas être capable de proposer quoi que ce soit d'original ou de cohérent esthétiquement dans un space opera. Les hommes ont des perruques ridicules et les femmes sont peintes en couleurs vomitives avec des cicatrices sur le visage, point barre, c'est terriblement gênant et ce ne sont pas les décors numériques qui vont rattraper grand chose...

Le côté comics a aussi bien évidemment sa part de ridicule avec l'ent aux super-pouvoirs et les super-méchants tous plus minables les uns que les autres, rivalisant de hideur et d'attributs puérils. Et c'est là qu'on se rend compte que tout est fichu, que le gosse débile de la récré n'est plus seulement devenu le spectateur privilégié voire unique de tous les blockbusters du vingt-et-unième siècle, il les réalise et il les produit maintenant, je ne vois pas trop comment ça pourra s'arranger un jour...

Et pourtant, dans ce marasme hélas prévisible, il y a deux ou trois choses agréables, deux ou trois vannes qui fonctionnent, un raton-laveur de l'espace circonspect pas entièrement antipathique le plaisir enfantin de se balader en vaisseau spatial et un héros qui fait le job.

Malgré une musculature disgracieuse peu adaptée au physique gentiment replet de Chris Pratt, le personnage principal fonctionne effectivement plutôt bien, il permet de compenser agréablement les défauts susmentionnés et de faire du film ce que je cherche plus ou moins moins vainement une fois par an : un sympathique blockbuster pour se distraire deux heures durant de la chaleur estivale. En ce sens, et probablement parce que j'ai su habilement esquiver la rédhibitoire 3D, je ne déconseille pas du tout ce machin pour le rôle.

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le 29 août 2014

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Torpenn

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