Le space opera est de retour
Encore un film Marvel… Certes, mais au vu des premières images, on sent que celui-ci ne sera pas tout à fait comme les autres. Un raton-laveur perché sur un arbre qui parle (peu, mais tout de même) tire à la mitraillette sur tout ce qui bouge, tandis qu’en fond sonore tourne une compil de tubes 70’s.
Le générique du film de James Gunn confirme cette impression. Tandis que les crédits s’affichent en lettres dorées aux quatre coins de l’écran, Peter Quill, le héros de cette aventure, évolue dans une sorte de gigantesque temple évoquant les meilleurs moments d’Indiana Jones, à la recherche d’un mystérieux artefact aux pouvoirs démesurés. Il enjambe les crevasses, se débarrasse de quelques bestioles peu sympathiques… tout en se déhanchant sur le rythme de "Come And Get Your Love" de Redbone (1974).
Tout au long des deux heures que dure le film, ce décalage sera omniprésent. Et ça fonctionne parfaitement ! Contrairement à "Avengers" qui ne poussait pas l’humour suffisamment loin vu le peu de crédibilité de ses personnages, "Les Gardiens" s’assume complètement comme un grand délire super-héroïque. Et là où ça relève de l’exploit, c’est que James Gunn arrive malgré tout à ménager de vrais moments d’émotion, ainsi qu’une véritable tension dramatique. Tout est affaire de crédibilité : dès lors que le spectateur s’attache à cette bande d’anti-héros, il se laisse emporter sans difficulté par leurs tribulations.
Et même si le scénario ne casse pas vraiment trois pattes à un canard (en parlant de canard, restez donc à la fin du générique…), ce blockbuster a suffisamment d’âme pour nous captiver sur toute sa durée. Car peut-être encore davantage que les personnages, c’est l’univers du film qui fascine immédiatement. De Morag, la planète désertée, à Xandar, la mégapole futuriste, tous les décors sont magnifiques, malgré quelques paysages numériques parfois un peu trop voyants. Le plus mémorable reste Knowhere, une cité minière surpeuplée, nichée au cœur d’un gigantesque crâne flottant dans l’espace. Peter Pan en plein Star Wars ! Un délire visuel que les plans larges et soignés de James Gunn permettent d’apprécier à sa juste valeur.
Si "Les Gardiens" est un tel plaisir de spectateur, c’est aussi parce qu’il célèbre un genre trop souvent délaissé au cinéma : le space-opera. Et dont les rares spécimens oublient trop souvent l’essentiel, à savoir l’exploration de décors exotiques (on pense très fort au dernier "Star Trek" de J.J Abrams, qui filmait pendant deux heures de superbes vaisseaux spatiaux, au détriment de toute planète fantastique). Heureusement, le film de James Gunn semble ouvrir un cycle favorable au genre, puisqu’en plus de cette saga naissante ("Les Gardiens reviendront", c’est écrit en toutes lettres à la fin), d’autres séries se profilent à l’horizon 2015 : "Jupiter Ascending" des Frères Wachowski et bien sûr, le retour de "Star Wars".
Très divertissant, agréable aux yeux comme aux oreilles, "Les Gardiens de la Galaxie" est un très bon blockbuster estival, dont, une fois n’est pas coutume, on a hâte de découvrir la suite (d’accord, c’était aussi le cas en juillet de "La planète des singes : l’affrontement"…). Le meilleur film de Marvel Studios (oui, ça n’est pas difficile).