La scène inaugurale de ces nouveaux Gardiens de la Galaxie donne le ton. Elle nous permet tout d'abord de retrouver des personnages en forme de famille dysfonctionnelle auxquels nous nous sommes attachés. Comme si on retrouvait des meilleurs potes que l'on avait depuis trop longtemps perdu de vue. Avec cet enthousiasme mêlé d'une certaine appréhension. Celle qui fait se poser la question de savoir s'ils n'ont pas changé, s'ils sont toujours ceux qui nous en ont mis plein la vue et avec lesquels on a partagé les plus folles aventures sidérales semblant seulement à côté d'un Marvel Cinematic Universe parfois terre à terre.
Alors, non. Ils n'ont pas (trop) changé. Ouf.
Mais cette scène inaugurale sonne comme une sorte de mise en garde. Si elle offre l'affrontement dantesque attendu avec un très gros streum, son quota d'action et de péripéties, elle s'attarde cependant plus sur son ultra mignon Baby Groot qui court dans tous les sens en faisant fi du danger et poursuit des petits animaux perdus sur le champ de bataille. C'est rigolo, l'action est prenante et en donne pour son argent. Mais James Gunn semble s'y prendre d'une étrange manière pour nous dire que finalement, il ne faut pas s'attendre à ce que le Vol. 2 surpasse son aîné question grand spectacle.
Et surprise, la pilule passe. Rien ne reste amer dans la bouche le temps de ces deux heures un quart de film parfois survolté, parfois trépidant, toujours magnifique dans ses images et dans ses environnements. Mais la magie de la découverte de l'univers des Gardiens, de la première rencontre avec le groupe, trois ans plus tôt, n'est plus là. C'est une certitude. Car tous éléments sont là, à nouveau, mais réagencé par James d'une manière totalement différente.
L'action fait un pas de côté. L'aspect space opera aussi. Mais que reste-t-il donc, me direz-vous ?
Il reste l'humour percutant et en certaines occasions potache de personnages comme Drax, en constant décalage avec son environnement. Mais c'est surtout Baby Groot qui retient l'attention, gaffeur, parfois bêta, rageur mais aussi malicieux et immédiatement attachant, comme un enfant de cinq ans qui prend un malin plaisir à faire des bêtises, faisant de la scène du "va chercher" un sommet de drôlerie. Tout comme les facéties cartoon de Rocket, martyrisant les Ravagers dans une jubilation non feinte partagée par le spectateur.
Il reste une assez jolie 3D, pourvu que votre cinéma ait opté pour les lunettes Real 3D (celles toutes en plastique aux allures de cadeau de Foire du Trône que vous ne rendez pas à la fin de la séance) qui donne un excellent relief à quelques séquences iconiques, comme celle d'une pluie de cadavres filmée au ralenti.
Il reste ensuite cette sélection musicale ultra pertinente qui a le don de filer immédiatement la banane pour ensuite faire résonner dans le coeur une tristesse nostalgique de celle qui berce les bons moments dont on se souvient parfois.
Il reste un scénario aux légers accents de Starman qui, s'il ne casse pas trois patte à un Howard, qui revient d'ailleurs faire un petit coucou, a le mérite de savoir exploiter des éléments ultra casse gueule de l'univers des Gardiens de la Galaxie, tel Ego la Planète Vivante, dont l'idée de le faire interpréter par un Kurt Russell toujours plus charismatique tient du génie. Snake Plissken vieillit tel les grands crus.
Il reste toutes ces relations entre les personnages de la famille qui ont toute la place pour prospérer, se développer, évoluer, et partir dans certaines directions parfois inattendues. Dont une tendant à la recherche des racines, à la reconstruction et au rapport avec la figure du père, tout en poussant un gars comme Yondu au premier plan. Le tout culminant dans un dernier acte de folie. Comme si James Gunn se lâchait enfin, ou, pour les plus cyniques, cochait enfin la case la plus importante du cahier des charges Marvel. Sauf que le réalisateur, s'il donne le grand spectacle attendu en forme de climax démesuré, le fait immédiatement suivre d'un épilogue touchant et surprenant dans un film du MCU. Car Gunn explore non pas la figure du super héros, mais son côté le plus humain et le plus fragile, semblant parfois sonner le glas de l'immaturité rigolarde de certains des protagonistes du film via
un sentiment de perte.
Parfois fou mais d'une cohérence solide dans l'univers qu'il dépeint, c'est donc dans ce dernier tiers que Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2 conquiert de manière totale son public. Par les sentiments et le coeur qu'il déploie. Un film qui se refuse à combler les attentes de son public habituel en partant sur les chemins de traverse d'un certain intimisme (relatif) et d'une mélancolie qui prennent par surprise.
Malgré les (très légères) réserves initiales, Les Gardiens de la Galaxie sont encore une fois touchés par la grâce. James Gunn ira loin, aux commandes de son vaisseau spatial frondeur, ça c'est sûr.
Behind_the_Mask, Top Gunn.