Encore jeune réalisateur, Yasuzō Masumura qui a réalisé son premier long-métrage l'année précédente, nous livre une satire d'une incroyable modernité, tant par sa technique, jouant avec les couleurs et le rythme (des caméras, des plans, du mouvement et de l'élocution des acteurs) que par le message qu'il délivre, terrible critique du capitalisme japonais et de la société de consommation d'après-guerre. Ce travail acharné, cette course à la promotion et aux résultats, va transformer des salariés qui se rendront malades et vendront leurs âmes pour atteindre leurs objectifs -- ici la vente de caramels -- ainsi que le résume l'échange entre Goda, le chef du service marketing, tombé malade à en cracher du sang, et Nishi, son collaborateur qui refuse de suivre la même voie :
Peu importe à quel point le travail peut te paraître dénué de sens ou inhumain, tu le fais ou tu meures de faim. Si ça te pose un problème parles-en au Japon pas à moi ! Si tu veux vivre comme un humain, alors pars ! Va vivre au pays des merveilles aux yeux bleus !
La scène finale indique que Nishi suivra le même chemin et que le cycle continuera.
Les thèmes sont profondément modernes pour un film qui date de 1958 : marketing agressif, création d'idoles publicitaires et d'un star-sytem, tertiarisation du monde du travail, essor de la société de consommation. Un film tellement en avance sur son temps que son sens et sa portée ont totalement échappé à la critique et au public de l'époque (le film a fait un bide au cinéma).